Le président de Système U, Serge Papin, souhaite « un aménagement de la loi de modernisation de l'économie (LME) » qui pénalise, selon lui, les PME et les filières agroalimentaires françaises qu'ils jugent menacées, dans deux entretiens au site spécialisé LSA et aux Echos.
M. Papin compte demander au gouvernement de lancer « une mission d'évaluation interministérielle des conséquences économiques de la LME pour les PME et les filières agricoles et agroalimentaires en France ».
Selon lui, la guerre des prix que se livrent les grandes marques internationales est financée en grande partie par des compensations sur les produits des PME, rapporte LSA.
« Ce sont les haricots de Paimpol qui financent la promotion du Cola d'Atlanta », estime le patron du groupement de commerçants indépendants.
Or « l'emploi dans les PME, dans les filières, ce sont les emplois de nos clients, ceux qui fréquentent nos magasins et je parle là, toutes enseignes confondues », ajoute-t-il.
Dans un entretien aux Echos, il tire « le signal d'alarme » et déclare que « si on continue comme ça, c'est la chronique d'une mort annoncée de certaines filières agricoles et de pans entiers de notre industrie agroalimentaire ».
Il propose notamment d'instaurer « un taux de marge minimum, entre 10 et 15 %, sur le seuil de revente à perte ». « Ça n'aurait pas d'effet inflationniste sur le panier moyen, mais aurait le mérite de redonner un peu d'air aux PME », explique-t-il.
« On pourrait faire en sorte, aussi, que les PME ne soient pas obligées de revenir chaque année à la table des négociations, mais bénéficient de contrats pluriannuels », suggère-t-il au quotidien économique.
Le ministre délégué à l'Agroalimentaire, Guillaume Garot, a annoncé lundi son intention de revoir la LME pour rééquilibrer le poids des producteurs et des industriels face à la grande distribution dans la formation des prix.
La fédération des distributeurs y est opposée, jugeant qu'une remise en cause de la loi « comporte un risque fort de hausse des prix et donc de baisse de la consommation », selon un communiqué.
Alors que vont s'ouvrir les négociations entre industriels et distributeurs, l'Association nationale des industries alimentaires (Ania) a poussé jeudi un énième cri d'alerte, expliquant que la grande distribution continuait « d'agir impunément et de faire pression sur les 10.000 entreprises agroalimentaires françaises – et tout particulièrement sur les 97 % de PME – pour tirer les prix vers le bas ».
Votée en 2008, la LME est censée encadrer les relations entre industriels et la grande distribution dans la formation des prix.
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