Le gouvernement ne sort «pas grandi» de la crise opposant les agriculteurs à la grande distribution et la position du ministre de l'Agriculture Michel Barnier dans ce conflit «le décrédibilise», estime Michel-Edouard Leclerc dans un entretien au Figaro paru lundi.
«Les politiques ne sortent pas grandis de cette affaire: aucun ministre, ni à l'Agriculture, ni à Bercy, ni à l'Intérieur, n'a appelé à la paix des corporations», regrette le président des centres Leclerc. Selon lui, M. Barnier a désigné «la distribution comme bouc émissaire».
«Non seulement il ne défend pas la politique agricole commune, mais son appel aux contrôles le décrédibilise», déclare M. Leclerc, ajoutant que «cette démission des pouvoirs publics pose la question de l'ambiguïté des relations entre la FNSEA et le gouvernement».
Les agriculteurs ont mis fin samedi au blocage des centres d'approvisionnement des grandes surfaces après avoir reçu du gouvernement l'assurance que des contrôles généralisés sur les prix seraient rapidement mis en oeuvre et que des «sanctions» seraient prises si c'est nécessaire.
A l'appel de la FNSEA, les agriculteurs en colère entendaient dénoncer ainsi l'opacité des prix et des marges des distributeurs.
«Qu'on arrête le cinéma! L'Administration connaît parfaitement les marges de chaque distributeur et de chaque magasin», qui sont «bien plus transparentes que celles des coopératives ou des industriels», réagit M. Leclerc: «Il n'y a pas besoin d'aller chercher des inspecteurs supplémentaires.»
«Parler de marges des distributeurs en général n'a aucun sens», poursuit-il. «En général, sur les produits agricoles, la marge brute moyenne est comprise entre 27 et 30%, et la marge nette entre 1,5% et 1,8%», précise-t-il.
Au sujet des blocages de la semaine dernière, «il est trop tôt pour mesurer l'impact commercial», mais «l'impact matériel est considérable», avec notamment «beaucoup de casse dans l'Ouest», dénonce le patron des centres Leclerc. «Il y aura des plaintes au pénal», prévient-il.
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