En attendant la rencontre du 21 novembre 2012 entre producteurs, transformateurs et distributeurs, le rapport de l'Observatoire des prix et des marges, présenté mardi par son président, Philippe Chalmin, a suscité de vives et rapides réactions.
Selon ses résultats, les marges brutes confortables des distributeurs, épinglées l'année dernière, semblent justifiées par les charges constatées en magasin (personnel, prix du mètre carré, électricité...). Au final, leurs marges nettes apparaissent très faibles sur les fruits et légumes (0,6 %), voire négatives pour le rayon de la boucherie (-1,9 %). Les rayons des volailles et de la charcuterie sont les plus rentables, avec respectivement 5,9 et 5,1 % de marge nette.
L'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA) salue « l'effort de transparence » de l'Observatoire, mais s'inquiète des conclusions : « En fruits et légumes et viande, [elles] démontrent que la concurrence exacerbée entre enseignes conduit à une destruction de valeur sur toute la chaîne de production. Pour ces produits, à aucun stade de la chaîne alimentaire les marges ne permettent d'encaisser des fluctuations de coûts ni de construire l'avenir. » Les chambres d'agriculture souhaiteraient pour cette raison « approfondir ces résultats en mesurant en particulier l'impact des pertes en magasin, des promotions et du positionnement des produits importés, notamment en fruits et légumes ».
Par ailleurs, l'Observatoire se fonde uniquement sur les données qu'ont bien voulu communiquer les enseignes. La Fédération nationale bovine (FNB) met déjà en doute la véracité des informations transmises : « Les centrales d'achat de la grande distribution, après avoir pendant des années refusé de présenter leurs comptes, n'ont-elles pas “oublié” ou masqué leurs vrais bénéfices dans les données qu'elles ont communiquées ? L'autre option, c'est que les GMS travailleraient tellement mal le produit viande qu'elles en arriveraient effectivement à perdre de l'argent. De la part d'entreprises qui donnent des leçons de compétitivité à tout le monde, on n'ose y croire ! »
En tout état de cause, ces chiffres doivent être pris avec précaution, ne serait-ce que parce que les moyennes réalisées pour les besoin de l'Observatoire cachent les disparités entre les magasins. Tous n'adoptent pas les mêmes stratégies de rayons et ne répartissent pas leurs charges de la même manière... Ils constituent toutefois les seuls indicateurs des pratiques de la distribution dont on dispose aujourd'hui.
Il reste le fond du problème mis en évidence : la répartition de la valeur ajoutée au long de la filière. Sur 100 € de dépenses alimentaires, seulement 7,6 € reviennent à l'agriculture, contre 11 € aux industriels et 21 € pour le commerce. « Le rapport Chalmin confirme que la grande distribution, les industries agroalimentaires et les importateurs sont les grands gagnants du partage de la valeur ajoutée créée à partir des produits agricoles, tant le prix de la matière première est bas », a réagi le syndicat Modef.
Cette question cruciale sera au cœur de la table ronde du 21 novembre 2012.