Les agriculteurs, qui bloquent depuis jeudi soir plus de la moitié des plates-formes d'approvisionnement des grandes surfaces pour dénoncer les marges de la distribution, vont être reçus samedi matin par les ministres Michel Barnier et Luc Chatel, dans l'espoir de trouver une issue au conflit.
La rencontre se tiendra à Bercy à 10 heures en présence des présidents de la FNSEA et de Jeunes Agriculteurs à l'origine de la mobilisation, ont précisé le ministre de l'Agriculture et le secrétaire d'Etat à l'Industrie et la Consommation dans un communiqué. Les discussions porteront notamment «sur la transparence dans la formation des prix alimentaires et sur les conditions d'application de la loi de modernisation de l'économie (LME) en matière de relations commerciales».
Après cette annonce, les agriculteurs du Puy-de-Dôme et de l'Allier qui bloquaient depuis mercredi deux plates-formes de distribution à Moulins ont décidé de lever leur blocage, estimant avoir «réussi à attirer l'attention des gens sur le problème des marges avec la grande distribution».
«Nous levons le blocage en fin d'après-midi, la pression de la grande distribution sur le terrain devient difficile, nous avions commencé avant le mot d'ordre national et l'objectif de notre action est atteint», a déclaré François Tahon, directeur de la FRSEA Auvergne. Après une rencontre avec la préfecture de l'Allier en début de journée, les agriculteurs de l'Allier et du Puy-de-Dôme ont obtenu la création d'un observatoire régional des marges de la grande distribution.
Déterminés à obtenir gain de cause, la plupart des sections syndicales locales maintenaient toutefois la pression sur le terrain vendredi en milieu d'après-midi, avec 7.000 agriculteurs mobilisés sur 41 plates-formes de distribution sur tout le territoire, à l'exception de l'Ile-de-France et du Nord-Pas-de-Calais.
Prévu pour durer 48 heures, le mouvement a débuté officiellement jeudi soir, mais a en fait commencé depuis plusieurs jours dans le grand Ouest à l'initiative d'éleveurs en colère contre le récent accord sur le prix du lait, jugé très insuffisant.
La FNSEA, qui a interpellé dans une lettre députés et sénateurs, réclame la création d'un «dispositif d'encadrement des marges» des grandes surfaces, déplorant les effets pervers de la LME.
Ce texte, adopté il y a près d'un an, «a conféré à la distribution un pouvoir de négociation encore plus grand qui, aujourd'hui, se répercute lourdement sur les équilibres économiques de leurs fournisseurs et par là même sur ceux des producteurs», déplore le syndicat, qui estime également que l'Observatoire des marges, mis en place en décembre 2008, «ne fonctionne pas».
La FNSEA attend par conséquent «des engagements réels (...) de la part des transformateurs privés et coopératifs ainsi que des patrons des enseignes de la grande distribution».
Egalement critique vis-à-vis de la LME, l'Association nationale des industries alimentaires (Ania) n'en a pas moins dénoncé ce blocage, estimant que «mettre à mal le moteur de la croissance qu'est la consommation ne peut qu'aggraver la situation pour tout le monde».
Certains supermarchés connaissaient déjà des difficultés d'approvisionnement vendredi, d'autres craignent d'être en rupture lundi en cas de poursuite du mouvement. «Les consommateurs peuvent s'attendre à des difficultés», a confirmé un porte-parole de Système U, expliquant que la grande distribution fonctionnant en flux tendu, les magasins n'ont pas de réserves et s'exposent donc à des ruptures de stock sur certains produits, notamment dans l'épicerie, en cas de blocage.
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