Pour la deuxième année consécutive, le rendez-vous a été manqué entre les producteurs de fruits et le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, attendu en vain au 69e congrès de la FNPF (Fédération nationale des producteurs de fruits) les 28 et 29 janvier à Tulle en Corrèze.
Rendez-vous également raté avec le représentant de l'Etat censé remplacer le ministre : celui-ci a quitté la salle avant son allocution, mécontent des panneaux brandis par les producteurs pour exprimer leur exaspération et leur désarroi.
« 2014 a été marquée par une crise sanitaire majeure avec les attaques de Drosophila suzukii, l'embargo russe et la chute des cours des fruits à pépins, une crise économique sur les fruits d'été, un durcissement de la règlementation environnementale... Notre filière vit un mal-être profond et notre ministre n'a pas pris la mesure de nos difficultés », insiste Luc Barbier, président de la FNPF.
Les producteurs mis à mal par une forte baisses des cours ont demandé à la fin de septembre 2014 une « année bancaire blanche » avec un report des emprunts de 2015. Aucune réponse ne leur est encore parvenue.
Du collectif à l'épreuve des contraintes
Pour contrer les difficultés croissantes d'une filière dont le nombre d'exploitants a diminué de 30 % en dix ans, les congressistes ont développé la thématique du « collectif pour une arboriculture conquérante ». Plusieurs témoignages pouvant servir de pistes d'avenir ont été apportées par les différents intervenants de la table-ronde du congrès.
Du regroupement technique pour créer de nouvelles variétés ou la solidarité pour faire face à des aléas climatiques comme le gel de 2012, à la création d'un label de qualité pour valoriser un produit, les solutions existent mais le chantier reste d'envergure au regard « des bâtons mis dans les roues » sur le plan juridique, environnemental et réglementaire.
Le regroupement de l'offre et des pratiques concertées entre producteurs relève des règles du droit à la concurrence exigeant un transfert de propriété. Une réglementation sujette à interprétation comme en témoigne le procès des endiviers, dont le verdict fait suite au pourvoi en cassation, est attendue au cours de 2015.
« En matière d'environnement, l'arboriculture a été pionnière avec le développement de la production fruitière intégrée souligne Luc Barbier ; elle bénéficie pourtant d'une image négative et subit des décisions réglementaires prises à la volée. Nous resterons vigilants. La filière arboricole s'enfonce dans une crise structurelle gravissime comme en témoignent le premier bilan de l'Observatoire de l'emploi : entre 2008 et 2012, le nombre de chefs d'exploitation a diminué de 18 %, celui des salariés de plus de 12 %. Sans une politique efficace d'installation des jeunes, l'âge moyen des arboriculteurs sera de 55 ans dans cinq ans. »