Le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, a estimé mercredi dans un communiqué que le projet de réforme de l'organisation commune de marché (OCM) du vin proposé par Bruxelles présente «des orientations nouvelles mais des solutions encore mal adaptées». Les organisations viticoles expriment leur mécontentement sur les orientations trop libérales de la Commission européenne. Le projet obtient par contre le soutien de l'aval de la filière.
Michel Barnier avait rencontré, la veille, les responsables des organisations viticoles et avait indiqué «être dans le même état d'esprit que les viticulteurs français».
«Autant la France peut partager les principaux objectifs de cette réforme, autant d’importantes divergences apparaissent quant aux moyens mis en oeuvre pour les atteindre. Cette réforme ne pourra être acceptée par la France que si elle prend en considération les intérêts bien compris de la filière viticole française et européenne», a affirmé le ministre, mercredi. .
«Je serai extrêmement vigilant et ferme sur l’ensemble de ces points et très actif dans la négociation qui s’engage», ajoute-t-il.
La France «souhaite une réforme en profondeur de l’OCM tournée vers un objectif de reconquête et d’expansion dans un marché mondial en développement. Il faut pour cela des mesures ambitieuses», explique le ministère. Selon lui, «l’arrachage doit être limité et particulièrement encadré, pour servir à l’amélioration du vignoble, sur une base volontaire. L’arrachage temporaire doit être envisagé».
«La libéralisation des droits de plantation après 2013 serait totalement inopportune et dangereuse. En supprimant sans alternative les mécanismes de gestion de marché, la Commission prend le risque de laisser les inévitables variations de production se transformer en crises graves. Au contraire, il est impératif de disposer d’un éventail de mesures permettant d’anticiper les crises, notamment à travers les interprofessions, mais aussi de les gérer, via une distillation totalement rénovée, pouvant être rendue obligatoire», ajoute-t-il.
La France réaffirme également son attachement au maintien des règles actuelles de production et d’élaboration des AOC viticoles.
Elle estime que la réforme doit favoriser l’investissement dans les entreprises d’aval et le regroupement de l’offre.
Les organisations viticoles (CNAOC: producteurs de vins AOC, CFVDP: producteurs de vins de pays, CCVF: coopératives, VIF: viticulteurs indépendants) ainsi que la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont indiqué, dans un communiqué commun, s’accorder «sur la nécessité d’une réforme afin de permettre au secteur de s’adapter à la nouvelle donne du marché, lequel reste en croissance au niveau mondial».
Toutefois, ils regrettent «l’orientation trop libérale et l’insuffisance des moyens consacrés à cette politique (promotion, connaissance des marchés, restructuration de la filière, etc.)» dans la proposition de Bruxelles.
Selon les producteurs, le budget actuellement destiné aux distillations doit être redéployé vers une véritable politique de reconquête des marchés qui, au-delà de la promotion, permette une restructuration de la filière et des entreprises.
Ils soulignent par ailleurs l’incohérence de la proposition, dans laquelle la Commission finance un vaste plan d’arrachage pour retrouver un équilibre entre l’offre et la demande et, de l’autre, autorise à partir de 2013, des plantations sans condition.
Les producteurs de vins AOC français (CNAOC), portugais (Andovi et IVDP), espagnols (Conferencia) et italiens (Federdoc) ont estimé que le projet de Bruxelles «comporte des aspects dangereux» pour les vins de qualité et «manque d'ambition». Les organisations critiquent notamment «la définition très vague de l'appellation d'origine qui est proposée» et rejettent la proposition de libéralisation des plantation à partir de 2014.
L'Association générale des entreprises vinicoles (Agev), qui représente les entreprises de l'aval de la filière française, a quant à elle accueilli «favorablement la proposition de la Commission européenne qui constitue une solide base de négociation pour permettre aux entreprises et aux vins français d'être plus compétitifs tant sur le marché intérieur que sur les marchés extérieurs».
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