Une cinquantaine d'apiculteurs et de membres de la Confédération paysanne se sont rassemblés jeudi matin devant le palais de justice de Toulouse pendant que leurs avocats plaidaient contre le non-lieu rendu dans l'affaire de l'insecticide Régent. Ils l'accusent de provoquer une surmortalité des abeilles.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Toulouse examinait jeudi à huis clos le recours de l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf) et de la Confédération paysanne contre le non-lieu rendu le 30 janvier 2009 par une juge d'instruction de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) au bénéfice de Bayer et BASF, propriétaires successifs du fipronil (molécule active du Régent), quatre ans après leur mise en examen.
La chambre de l'instruction a mis sa décision en délibéré au 1er avril 2010.
«Le non-lieu est scandaleux, en contradiction avec les expertises du dossier», ont assuré Jean Sabeng pour la Confédération paysanne et Jean-Marie Sirvins, vice-président de l'Unaf.
Selon eux, en 2002 et 2003, 90% de certaines ruches ont été éliminés quand les abeilles ont butiné des tournesols dont les semences avaient été enrobées de Régent.
«Il a fallu trois juges d'instruction pour que la dernière reprenne les arguments de BASF, qui conteste le lien entre l'intoxication au fipronil et la mortalité des abeilles», a déploré M. Sabeng, dénonçant «les connivences des pouvoirs publics».
Les plaignants rappellent que l'usage agricole du fipronil est interdit depuis 2004. «Si nous perdons, on n'en restera pas là, on fera tout pour rouvrir le dossier», ajoute M. Sirvins.
Pour Gérard Onesta, ex-député européen et probable tête de liste des Verts aux élections régionales dans le Midi-Pyrénées, «les pesticides sont dangereux pour un maillon essentiel de la biodiversité: la fin des abeilles qui pollinisent serait la rupture d'une chaîne vitale. L'enjeu est essentiel pour les urbains comme pour les ruraux».
Jean-Marc Petat, directeur environnement de BASF agro, a rétorqué par téléphone que «les accusations ne tiennent pas» car «il n'y a plus de Régent mais les abeilles continuent de mourir. Il faut accepter la réalité pour trouver les vraies causes de surmortalité et se mobiliser ensemble», a-t-il noté.
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