Le Groupe monde rural a plaidé pour une nouvelle Pac: une alliance «Paysan, Artisans, Commerçants» pour maintenir la vitalité des territoires ruraux français, jeudi, lors d'un débat.
«Nous tenons le territoire alors que l'industrie perd des emplois et délocalise», soutient Pierre Martin, président de l'Union pour l'artisanat (UPA). Auteur d'un livre prémonitoire paru juste avant que n'éclate la crise, «L'économie de proximité, un moteur d'un nouveau projet de société», il intervenait dans le débat.
«Qui s'intéresse vraiment aux 2,5 millions d'entreprises artisanales, commerciales agricoles et libérales qui structurent nos territoires», s'est-il exclamé. Pourtant, elles ne délocalisent pas et créent même des emplois pérennes à moins de 20 kilomètres du domicile des salariés.
«Et certaines exportent aussi. Mais lors des voyages présidentiels, jamais nous ne sommes conviés pour représenter la créativité française. Pire: alors que nous accueillons 55% des apprentis, c'est encore à un représentant des grandes entreprises qu'est confiée une mission sur l'apprentissage», a regretté Pierre Martin.
Il n'a pas réclamé d'être pris en pitié mais demande que l'Etat regarde enfin ces pépites d'emplois préservés et d'innovation constantes que sont les PME.
Daniel Prieur, éleveur et président de la chambre d'agriculture du Doubs, n'a pas dit autre chose. C'est lui qui a proposé l'idée d'une nouvelle Pac, la mise en commun de l'énergie des paysans, artisans et commerçants «afin de profiter d'une vraie cohésion territoriale».
«Nous devons compter sur nos propres forces, être à l'affût des opportunités de nous unir car l'occasion se présente rarement deux fois. Nous devons travailler main dans la main mais aussi parfois forcer la main des autres protagonistes pour que les dossiers avancent. Dans ma petite région lorsque la maison familiale rurale s'est trouvée en difficulté en 1992, nous avons accumulé 200 rendez-vous pour faire aboutir notre projet et créer l'association "La Roche du Trésor" devenue un centre d'accueil, d'hébergement et de formation qui représente aujourd'hui 40 emplois», a-t-il expliqué.
«Nous ne nous opposons pas aux grandes entreprises ou grandes surfaces. Nous demandons de respecter un équilibre pour préserver un environnement favorable à une vie sociale harmonieuse en centre-bourg. Quand tous nos services quittent le coeur des villes ou des villages, c'est la paupérisation ou le ghetto qui menace. Etre partout, c'est mieux que d'être grand», a conclu Pierre Martin.
