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Revenu agricole 2011

Les professionnels partagés entre déception et amertume

Publié le mercredi 21 décembre 2011 - 13h15

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Le repli du revenu agricole moyen en France prévu pour 2011 (- 3,6 %) a suscité de nombreuses réactions de la part des organisations professionnelles. La prudence le dispute à la déception ou à l'amertume dans la plupart des commentaires, mais tous insistent sur la hausse des coûts de production. 

 

Ministère de l'agriculture : « au même niveau qu'en Allemagne »

« Après le redressement intervenu en 2010, le revenu des exploitations agricoles connaît une légère inflexion en 2011 (- 3,6 % en euros constants). Après les fortes fluctuations connues entre 2006 et 2010, ce résultat témoigne d'une moindre volatilité du revenu, qui, sur les trois dernières années, s'améliore en tendance. Avec 30 200 euros en moyenne par actif, le revenu agricole en 2011 en France devrait se situer au même niveau qu'en Allemagne. »

 

« L'année 2011 est marquée par une production dynamique mais aussi par la forte croissance des coûts de production, liée à la hausse des cours des matières premières et des prix des produits pétroliers depuis le milieu de l'année 2009. Cette hausse des coûts des consommations intermédiaires pèse sur le résultat de l'ensemble des exploitations. »

 

« Les exploitations tournées vers les productions végétales ont eu, en 2011, des dépenses accrues en engrais. Dans le secteur de l'élevage, le coût de l'alimentation animale, bien que stabilisé en fin d'année, a un impact sur le revenu. Mais celui-ci est compensé par une évolution favorable des prix dans l'élevage bovin laitier et l'élevage avicole. La sécheresse du printemps a également provoqué des achats supplémentaires d'aliments ou de fourrages variables selon les régions. Face à ces difficultés, des mesures de soutien exceptionnelles ont été prises dans le cadre des procédures de gestion des risques. En plus des avances déjà versées, le solde des indemnités, qui sera versé d'ici fin janvier, contribuera à compenser la baisse du résultat des éleveurs de bovins allaitants. »

 

« Malgré les mesures nationales et européennes d'urgence, le secteur des fruits et légumes a pâti des conditions climatiques et de la crise sanitaire en Allemagne. »

 

FNSEA : « le tango du revenu »

« Les chiffres officiels viennent de tomber, le revenu des agriculteurs a baissé de 2,3 % en 2011 après une forte hausse en 2010 succédant elle-même à 6 années de baisses consécutives ! Ce sont les fortes augmentations des coûts de production ainsi que les effets nocifs de la sécheresse et d'accidents sanitaires qui expliquent l'essentiel de la situation. Aussi, il n'est pas étonnant que les secteurs de production les plus touchés soient les fruits, les légumes, la production de bovins-viande, les céréales et certaines productions hors-sol. »

 

« La FNSEA, dans ce contexte, réitère sa volonté de voir la France agricole retrouver toute sa compétitivité. Cela se gagne point par point, centime par centime, mais nous devons plus que jamais regagner des marges de manœuvre et une amélioration des prix à la production. La FNSEA, par les différents accords de filières qu'elle a soutenus, a œuvré en ce sens. »

 

« L'agriculture ne doit pas être une variable d'ajustement mais une constante de développement. Le gouvernement, s'il veut combattre la crise et ses effets sur l'emploi, doit plus que jamais donner sa place à l'agriculture et l'agro-alimentaire français. Telle est l'ambition que nous porterons à l'occasion des prochaines échéances politiques. »

 

« Parallèlement à notre situation, que dire des chiffres allemands qui viennent de tomber : le revenu agricole enregistre une croissance à deux chiffres ! Cherchez l'erreur ! »

 

Confédération paysanne : « flambée des coûts de production »

« Les comptes prévisionnels 2011 (constitués en partie d'estimations) annoncent une baisse du revenu net d'entreprise par actif non salarié de 6,8 %. Cette baisse est aggravée par la flambée des consommations intermédiaires (+ 10 %) : les coûts 'aliments du bétail' progressent de 16,8 %, les engrais font un bond de 42 %, et ce malgré l'augmentation de la production, tant en volume (+ 2,3 %) qu'en valeur (+ 5,6 %). Le revenu de la ferme 'France' s'élèverait à 12,37 milliards d'euros, impacté par 8,57 milliards de subventions du premier pilier de la Pac, rappelant l'artificielle compétitivité de l'agriculture française et européenne livrée au libre-échange. »

 

« Mais ces différents chiffres masquent les énormes disparités de revenu des différentes catégories de paysans. En effet, la viticulture courante et d'appellation s'envole à 55,9 milliers d'euros par actif quand l'arboriculture fruitière s'effondre à 4,7 milliers d'euros et le maraîchage à 10,1 milliers d'euros. Il est vrai que ces deux productions sont abandonnées par les politiques agricoles et plus que jamais en passe d'être délocalisées avec les règles du jeu actuel. Ces disparités illustrent le déficit en matière de gouvernance politique nationale et européenne. »

 

« Les éleveurs de viande bovine souffrent durablement avec un revenu net de 13,7 milliers d'euros rattrapés (peut-être pour la première fois) par les 'ovins', à 14,7 milliers d'euros. Pour le secteur laitier, la progression, tant en volume qu'en prix, remonterait le revenu à 30,3 milliers d'euros, mais au prix d'une hécatombe du nombre de producteurs. »

 

Coordination rurale : « à nouveau la baisse »

 

« Après les chiffres de hausse très conséquente des revenus agricoles pour l'année 2010 annoncés en juin, qui ne compensaient pas les baisses calamiteuses de 2008 et 2009, les prévisions de la commission des comptes de l'agriculture de la Nation de ce jour font état d'une nouvelle et énième baisse du revenu des agriculteurs en 2011, de 6,8 %. Dans ce contexte, lié notamment à la hausse des coûts de production (intrants, aliments, énergie, engrais, etc.), les contraintes toujours plus fortes de mises aux normes pour les élevages, d'utilisation d'un nouveau gasoil plus coûteux ou encore les taxes à venir consécutives au vote de la loi inique sur l'obtention végétale, sont autant de nouveaux coups portés aux agriculteurs, de moins en moins nombreux et de plus en plus faibles. À ce tableau pessimiste, il convient malheureusement d'ajouter les perspectives de la prochaine réforme de la Pac qui, persévérant dans l'erreur, consacre l'abandon des outils de gestion et de régulation des productions et des marchés agricoles. »

 

« Face à  une telle dégradation de leur situation, il devient de plus en plus difficile pour les agriculteurs d'accorder encore quelque crédit aux discours officiels qui leur rabâchent que l'agriculture est un secteur stratégique pour la France et pour l'Europe. »

 

Orama (AGPB, AGPM, Fop) : « quasiment équivalent à la moyenne décennale »

 

« Le revenu moyen par actif non salarié avant impôt et cotisations sociales aura reflué en 2011 sur les exploitations spécialisées en céréales et oléo-protéagineux pour s'établir à 32 600 €, avec de larges écarts du fait des différences d'impact de la sécheresse printanière. En valeur réelle, c'est un niveau quasiment équivalent à la moyenne décennale. »

 

« A l'heure où s'annonce une réforme importante de la Pac, qui devrait se traduire par des modifications importantes de la répartition des aides européennes, il importe de souligner que ce niveau de revenu est du même ordre que le montant d'aides alloué en moyenne aujourd'hui aux exploitations spécialisées en céréales et oléo-protéagineux. Il est donc indispensable que les décisions à venir en la matière soient parfaitement soupesées et que, parallèlement, tout soit fait pour permettre aux exploitants de s'y adapter en gagnant en compétitivité. »

 

« Les chiffres du revenu 2011 montrent combien, face à l'évolution des récoltes, des marchés et des charges, les aides de la Pac restent un paramètre important du revenu des producteurs de grains. Les réformes à venir devront en tenir compte. Il faudra aussi que les agriculteurs puissent accroître au maximum leurs marges opérationnelles, non seulement en allant chercher de la valeur ajoutée dans les filières, mais aussi en ayant la possibilité d'utiliser les facteurs de production les plus performants et les plus innovants », a déclaré Philippe Pinta, président d'Orama.

 

Le Copa-Cogeca se réjouit de la hausse du revenu agricole européen en 2011

 

Le Copa-Cogeca s'est « réjoui », mardi, des premières estimations d'Eurostat faisant état d'une hausse du revenu agricole européen de 6,7 % en moyenne en termes réels par rapport à 2010. « Cette hausse s'explique par l'évolution favorable des prix dans le secteur des céréales durant le premier semestre de l'année. Le Copa-Cogeca en a appelé à la prudence étant donné qu'il ne s'agit que de premières estimations et que ces prévisions pourraient encore changer une fois qu'elles couvriront également la récente diminution du prix des céréales. »

 

Le secrétaire général du Copa-Cogeca, Pekka Pesonen, a indiqué : « Je suis ravi de cette augmentation mais les chiffres seront soumis à une révision en janvier/février de l'année prochaine et pourraient être revus à la baisse étant donné que le prix du blé et le prix du maïs n'ont cessé de fléchir respectivement depuis juillet et septembre. Les revenus agricoles dans l'UE se situent toujours à des niveaux critiques, puisqu'ils représentent moins de 50 % du salaire moyen perçu dans les autres secteurs. Ce chiffre global de 6 % cache également d'importantes variations des niveaux de revenu entre les Etats membres. De plus, l'actuelle crise économique dans la zone euro et la prévision d'un ralentissement marqué entraînent de lourdes incertitudes pour les agriculteurs. La crise entravera en particulier la relance cruellement nécessaire de la consommation de viande, essentielle pour la santé et l'alimentation des consommateurs. Le baromètre agricole que gèrent nos membres révèle également une reprise de la confiance des agriculteurs européens début 2011. La confiance a toutefois recommencé à être érodée au cours du troisième trimestre 2011. Par conséquent, l'indice de confiance reste positif mais se situe à un faible niveau ».

 

« J'en appelle par conséquent à la Commission européenne, aux eurodéputés et aux ministres européens de l'agriculture pour qu'ils veillent à établir une politique agricole commune pour l'après 2013 solide, dynamique et innovante qui incite les agriculteurs à investir dans l'avenir et à renforcer le volet innovation et recherche. Face à la demande alimentaire croissante, la priorité doit être accordée au renforcement du rôle économique des agriculteurs qui produisent des denrées alimentaires pour 500 millions de consommateurs ».

 

 

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B.Co.


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