C'est un «grand bond en arrière», déplore la FNSEA, à la suite de l'annonce d'une baisse de 20% du revenu agricole en 2008. Le syndicat majoritaire réclame un rendez-vous sur le revenu agricole à l'automne avec le ministre de l'Agriculture. Il prévoit des mauvais résultats pour 2009 et appelle à trouver des solutions à une hausse des charges de plus de 12%, et à obtenir la vérité sur la formation des prix et des marges.
Face à la dégringolade des revenus, Jeunes Agriculteurs (JA) appelle à «organiser nos filières, contractualiser pour stabiliser nos revenus sur le long terme». JA veut «limiter l’impact des hausses de charges (alimentation animale, intrants) par la contractualisation (..) et à se battre pour un juste prix des produits agricoles et une transparence des marges».
Cette baisse de revenu «équivaut à un hold-up de 3,1 milliards d'euros», dénonce pour sa part la Confédération paysanne. «C'est la conséquence directe du démantèlement des outils de régulation qui provoque des fluctuations des prix souvent catastrophiques». Le syndicat pointe des «énormes disparités au sein de la profession agricole». Si la chute du revenu des céréaliers n'émeut pas la Confédération paysanne («ils avaient bénéficié d’une progression de 92% en 2007»), le syndicat rappelle «qu’on est aujourd’hui en pleine crise du secteur laitier, qui n'apparaîtra dans les comptes de l’agriculture qu’en 2009».
Pour la Coordination rurale (CR), les chiffres ne font «hélas que confirmer le ressenti de la plupart des agriculteurs: toutes les productions sont touchées et la baisse vertigineuse annoncée de 20,3% du revenu des agriculteurs n’est qu’une moyenne, qui cache des situations individuelles dramatiques». Les mesures du bilan de santé de la Pac «aggraveront la situation des uns et ne seront qu’un saupoudrage bien insuffisant pour les autres».
La CR tient à souligner que le revenu moyen des agriculteurs calculé pour 2008 «est revenu à son niveau de 1994 (soit un recul de 15 ans!) alors que près de 300.000 agriculteurs ont disparu sur cette même période».
Pour les chambres d'agricultures (APCA), la volatilité des prix et les conséquences de la crise économique ont pesé lourdement sur les revenus. «La situation est préoccupante pour les éleveurs bovins à viande et ovins, avec des niveaux de revenu particulièrement faibles de l'ordre de 10.000 €/actif». Le revenu de 2008 des céréaliers serait de 33.000 € par actif d'après les données de l'APCA.
L'APCA ne s'attarde pas sur la hausse de revenu des éleveurs laitiers, mais fait état des prévisions de revenu pour 2009 en baisse de 26 à 40% par rapport à celui de 2007 (pour un prix moyen annuel de 280 €/1.000 l). «L’extrême volatilité des prix démontre toute la nécessité de préserver et de rénover les mécanismes de régulation et de filets de sécurité, dans le secteur laitier bien sûr, mais pas seulement», a déclaré Luc Guyau, président des chambres d'agriculture.
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