Bien que le prix moyen du lait ait augmenté de 9% en 2008, la filière a besoin de se donner des perspectives d’avenir pour ne pas régresser.
«La plupart des éleveurs du Rayon de Roquefort sont dans un état de désespérance, car ils ne voient pas où on les emmène, confie Pierre Bosc, vice-président de la coopérative la Pastourelle (groupe 3A) et membre du collège industriel de l’interprofession de roquefort. Il faut absolument redonner des perspectives à la filière, dont les capacités de production correspondent au traitement de 180 Ml de lait par an, un seuil fondamental pour la vie économique du bassin.»
En 2008, la mauvaise récolte de fourrage, l’augmentation du prix des intrants et les départs à la retraite ont entraîné une chute de 9,82% de la production, qui n’a totalisé que 160,9 Ml de lait (-17 Ml). Un recul sans précédent, accompagné d’une progression de 9% du prix moyen payé aux producteurs, soit en moyenne 919,20 €/1.000 l.
«Il faut toutefois relativiser cette hausse, reprend Pierre Bosc. 1,2% est du à l’augmentation de la matière sèche utile et 3,5% à la baisse de la collecte. Le manque de lait a proportionnellement fait baisser les moins bonnes valorisations. Au final, il ne reste donc que 4,3% d’augmentation du prix, ce qui ne couvre pas la totalité de la hausse des intrants.»
Cela ne doit toutefois pas masquer les vrais problèmes du Rayon, liés notamment au système des droits à produire «historiques», définis en 1988 et toujours en vigueur, mais aussi au prix du lait fixé "a posteriori", qui s’écarte de la réalité économique.
«Si nous voulons stabiliser les choses, nous devons changer le système de régulation et faire en sorte que tous les producteurs, en période de pic de production (de janvier à avril) soient concernés par la gestion des excédents et donc par les prix de classe III, poursuit Pierre Bosc. Aujourd’hui, seuls ceux qui bénéficient de droits historiques bénéficient des prix des classes I et II pendant cette période. Nous devons aussi intégrer la notion de répartition territoriale de la production, sinon certains bassins vont disparaître et les campagnes se désertifier. De plus, les droits à produire étant liés à la terre, seuls les producteurs les plus aisés peuvent augmenter leurs références.»
Une réflexion est en cours au sein de l’interprofession pour relancer la production. L’idée d’un transfert de droits à produire non lié au foncier fait son chemin.
55% du lait transformé en roquefort En 2008, 88,4 millions de litres de lait ont été utilisés pour le roquefort et payés en classe I (1.116,08 €/1.000 l), 61 Ml transformés en produits valorisants correspondant à la classe II (740,11 €/1.000 l) et 11,5 Ml dégagés en classe III (360 €/1.000 l), contre 19 Ml en 2007. |