Près de 2.000 producteurs de lait ont défilé lundi au Salon de l'agriculture à Paris à l'appel de l'Association des producteurs laitiers indépendants (Apli). Venant de toute la France et d'autres pays comme l'Allemagne, la Suisse ou encore la Belgique, ils ont défilé dans une « marche funèbre » contre le prix trop bas du lait.
« Seigneur Nicolas, comment faut-il te le dire ? On crève ! », pouvait-on lire sur des calicots brandis par les manifestants à l'adresse du président Nicolas Sarkozy.
« Sur le fond, rien n'est réglé à ce jour. On n'a pas eu d'augmentation. 98 % des producteurs de lait perdent de l'argent », a affirmé le président de l'Apli, Pascal Massol, qui s'est dit satisfait d'une mobilisation « impressionnante » sans débordement.
En tête de cette « marche funèbre », une agricultrice vêtue d'une chasuble de la Croix-Rouge précédait quatre éleveurs déguisés en croque-morts et portant un cercueil ceint d'une banderole verte sur laquelle était écrit en lettre d'or : « Mort des producteurs ». Suivaient 34 cloches suisses de plus de 10 kilogrammes chacune.
« Pour moi, c'est pas une manifestation, c'est un enterrement. Un enterrement de la production laitière et je suis très émue », a lancé en tête de cortège Sophie Poux, agricultrice qui s'était fait connaître à la fin de janvier lors d'un échange télévisé entre un panel de Français et le président Nicolas Sarkozy.
« Seigneur Nicolas, pas de contractualisation mais régulation des volumes européens », pouvait-on lire aussi sur d'autres calicots brandis par des manifestants dont certains portaient des brassards noirs.
Les éleveurs dénoncent la dérégulation du marché européen qui a conduit, selon eux, à une chute vertigineuse des prix du lait et réclament la création d'un office du lait européen chargé de réguler les prix et les volumes de lait.
« Depuis qu'on a abandonné les quotas en 2009, les éleveurs produisent à tour de bras. Il faut une diminution des volumes » au niveau européen pour que le prix puisse remonter, affirme Werner Loch, un producteur suisse.
Une délégation des manifestants a été reçue ensuite par Pascal Viné, le directeur de cabinet du ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire.
Sur la vocation exportatrice, Pascal Viné a expliqué lors d'un débat qu'il s'agit d'un vrai problème. Sur ce sujet, on ne peut pas avoir un discours définitif car un certain nombre de secteurs sont dépendants de l'exportation, a-t-il précisé. Le directeur de cabinet a aussi reconnu que dans certains secteurs, dont celui des produits frais, beaucoup de marge est réalisée à l'aval des producteurs. « Il y a besoin de mettre de la régulation. Il faut permettre aux producteurs de s'organiser et pour cela la France veut faire bouger les lignes en matière de droit de la concurrence au niveau européen », a-t-il expliqué.
Pascal Massol a affirmé que la filière laitière française est riche car « le lait sort de France à un euro ». Il a renvoyé les privés et les coopératives dos à dos.
Lors de la discussion sur la LMA au Parlement, l'Apli espère faire passer un grand nombre d'amendements.
Au niveau européen, l'EMB a constitué son propre groupe d'experts à haut niveau, avec notamment les économistes français Marcel Mazoyer et Lucien Bourgeois.
Mardi, se tiendra à Bruxelles une réunion entre l'EMB et les parlementaires européens. Mercredi, le bureau de l'EMB se réunira pour travailler sur l'office européen du lait.
Pour l'organisation, la prochaine étape est la création de l'EAB (European Agricultural Board) réunissant tous les secteurs de production.