Une nouvelle étude publiée cette fois dans le British Journal of Cancer le 27 mars 2014 vient ralentir l'ardeur des allégations en matière de santé concernant les bénéfices d'une consommation de produits biologiques par rapport à des produits non bio.
Si les produits biologiques sont « moins susceptibles de contenir des résidus de pesticides (de synthèse, NDLR) que les aliments produits de manière conventionnelle », on ne peut pas dire qu'ils permettent de se prémunir du cancer, indiquent les chercheurs de l'université d'Oxford qui ont mené cette « large étude prospective » au Royaume-Uni durant neuf ans, auprès de plus de 600.000 femmes âgée de 50 ans et plus.
« Nous avons voulu vérifier l'hypothèse selon laquelle manger des produits biologiques peut réduire le risque de sarcome des tissus mous, de cancer du sein, de lymphome non hodgkinien et d'autres cancers communs (ils sont au nombre de 16, NDLR) dans une grande étude prospective auprès de 623.080 femmes d'âge moyen vivant au Royaume-Uni », expliquent les auteurs de l'étude. Durant près de neuf ans, les chercheurs ont suivi l'apparition et l'évolution de cancers chez ces femmes qui ont renseigné leur consommation alimentaire en produits biologiques durant toute la période de l'étude.
Les chercheurs ont pu isoler trois groupes de consommatrices : les femmes qui n'ont jamais mangé bio (30 %), celles qui ont parfois mangé bio (63 %) et celles qui mangent souvent ou systématiquement bio (7 %).
50.000 femmes environ (8 %) ont développé un cancer sur la période suivie.
En regardant les résultats pour les 16 types de cancer les plus communs, « nous n'avons trouvé aucune preuve que le risque de cancer chez la femme soit réduit si elle mangeait surtout bio », conclut le Pr Tim Key, l'un des auteurs de l'étude. Pour le cancer en général, les chercheurs n'ont trouvé aucun lien entre la consommation de bio et une protection, « sauf peut-être pour le lymphome non hodgkinien ».
Ainsi les chercheurs ont trouvé, chez les femmes qui pour la plupart mangeaient de la nourriture d'origine biologique, une réduction du risque de lymphome non hodgkinien. Mais sur la même population, ils ont aussi observé une petite augmentation du risque de cancer du sein. Ces résultats pourraient être en partie dus au hasard et d'autres facteurs, précisent les chercheurs.
Le Dr Claire Knight, membre de Cancer Research UK qui a publié l'étude sur son site, estime qu'elle « démontre à nouveau que manger des aliments issus de l'agriculture biologique ne réduit pas le risque global de cancer. Mais si vous êtes inquiets par rapport aux résidus de pesticides, les laver avant de les manger est une bonne idée », précise-t-elle.
Selon Mme Knight, seuls 9 % des cancers au Royaume-Uni sont liés à des facteurs alimentaires. Plus de la moitié de ces cas (5 %) s'expliquent par une trop faible consommation de fruits et légumes. « Ainsi, avoir un régime alimentaire bien équilibré, riche en fruits et légumes – et peu importe qu'ils soient cultivés de manière conventionnelle ou en bio – peut aider à réduire votre risque de cancer », conclue Mme Knight.
Nul
jeudi 03 avril 2014 - 09h57
Le diable est dans les détails : "durant 9 ans" et "femmes de 50 ans et plus", tout est dit. Pour faire un parallèle avec le tabac ou l'amiante, imaginez une personne fumant (ou exposée à l'amiante) de ses 20 ans jusqu'à ses 50 ans, puis plus rien pendant 9 ans après ses 50 ans. Croyez-vous qu'on verrait une différence sur cette période avec quelqu'un qui continuerait d'être exposé ? Devrait-on en conclure que l'arrêt du tabac ou de l'amiante n'apporte aucun bénéfice ? La vraie conclusion de cette étude, c'est que ce n'est pas en mangeant bio à partir de ses 50 ans qu'on va sensiblement réduire le risque de cancer issu des pesticides ingérés depuis sa tendre enfance. Du moins sur les 9 premières années...