Une étude nationale va mesurer d'ici à 2016 l'exposition aux polluants de la population française ainsi que sa condition physique, sa nutrition et son état de santé, a annoncé le 1er avril 2014 l'Institut de veille sanitaire (InVS).
« La surveillance de l'imprégnation aux substances chimiques et aux polluants est une priorité de santé publique », a expliqué la directrice générale de l'InVS, Françoise Weber, en présentant cette étude nommée « Esteban ».
Plus d'une centaine de substances présentes dans l'environnement (naturellement ou non) comme les métaux (cadmium, mercure, arsenic, nickel, antimoine, cobalt, aluminium), les pesticides, les dioxines ou encore les composés organiques volatils (COV) seront mesurées chez les 5.000 personnes participant à l'étude. Certaines substances comme le bisphénol A n'ont jamais été dosées auparavant dans la population générale, a expliqué Agnès Lefranc, directrice du département de la santé et de l'environnement de l'InVS.
Les polluants seront mesurés à partir d'échantillons de sang, d'urine et de cheveux sur 4.000 adultes âgés de 18 à 74 ans et sur 1.000 enfants de 6 à 17 ans, représentatifs de la population vivant en France métropolitaine (hors Corse). Ces mesures serviront de « référence », à savoir de base de départ pour déterminer ensuite si un groupe est surexposé à un polluant par rapport au reste de la population. Cette étude permettra aussi d'en dire plus sur « les facteurs qui conditionnent le niveau d'exposition » : lieu de résidence, mode de vie, alimentation ou encore profession.
Les échantillons seront conservés pour constituer une banque de données biologiques, une « biothèque », pour servir ultérieurement de base de référence et d'investigation à des études sur de nouvelles substances, non ciblées au départ, selon Mme Lefranc.
Outre son volet relatif à l'exposition aux polluants, Esteban doit aussi faire le point sur les habitudes alimentaires et l'activité physique, avec « description détaillée des consommations alimentaires, de l'activité physique et des marqueurs de l'état nutritionnel ».
Les personnes recrutées réaliseront un bilan de santé et répondront à un questionnaire détaillé pour notamment déterminer alimentation et exercice physique. Des accéléromètres, petits outils permettant de quantifier les déplacements, seront utilisés pour déterminer l'activité physique des personnes sur une semaine.
Le volet concernant la santé mesurera la fréquence de certaines maladies chroniques : diabète, asthme, obésité, hypertension. Il est prévu pour la première fois d'estimer la fréquence de la BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive), maladie respiratoire chronique, particulièrement fréquente et invalidante chez les plus âgés.
L'étude, qui démarrera le 14 avril et dont les premiers résultats sont attendus pour 2016, sera un « outil d'aide à la décision publique » et permettra aussi de « comparer avec les autres pays », selon Mme Weber.