Pascal Lamy, directeur général de l'OMC, dit son désaccord avec l'analyse développée par un rapport des Nations unies sur les antagonismes possibles entre le commerce international et la sécurité alimentaire.
Dans un rapport du 16 novembre 2011, le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'alimentation, Olivier de Schutter, estime notamment que des tarifs douaniers plus élevés, des restrictions temporaires à l'importation et des subventions agricoles sont les mesures les plus adaptées pour rétablir la production agricole locale des pays en développement. Il va jusqu'à dire que « le commerce n'a pas réussi à nourrir les affamés lorsque la nourriture était bon marché et abondante, et maintenant que les prix sont plus élevés, il n'y arrive toujours pas ».
Dans une lettre ouverte mise en ligne, mercredi, sur le site internet de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), Pascal Lamy conteste que le commerce international et les règles de l'OMC puissent « entrer en conflit avec la sécurité alimentaire ».
S'adressant à Olivier de Schutter, il écrit : « Je suis fondamentalement en désaccord avec votre assertion selon laquelle les pays ont besoin de limiter leur dépendance au commerce international pour atteindre leurs objectifs de sécurité alimentaire. Au contraire, il existe un accord, parmi la plupart des experts des Nations unies, pour considérer que le commerce constitue une partie de la solution. » A l'appui de sa démonstration, Pascal Lamy cite un rapport des... Nations unies, publié en 2010, qui estimait que « des marchés internationaux libéralisés pourraient contribuer à la sécurité alimentaire à travers l'augmentation des volumes échangés et l'accès à diverses sources de denrées alimentaires importées ».
Le directeur général de l'OMC ne conteste pas la légitimité, « dans certaines circonstances », des politiques publiques de stockage, de protection douanière ou d'éventuelles mesures de sauvegarde. « Cependant, mises en œuvre improprement, ces actions peuvent introduire des distorsions et saper l'efficacité économique, en exacerbant l'impact, sur les populations pauvres, de prix élevés de l'alimentation. » Pascal Lamy s'en prend également aux soutiens à l'exportation, aux hauts niveaux de protection douanière ainsi qu'aux mesures intempestives de restriction aux exportations qui comptèrent, selon lui, au nombre des causes des pics de prix alimentaires enregistrés en 2008 et 2010.
Alors que s'ouvre, ce jeudi, la 8e conférence ministérielle de l'OMC à Genève, Pascal Lamy déclare, au journal suisse Le Temps, qu'il « serait surpris qu'il n'y ait pas de baisse des échanges internationaux en 2012 », même s'il ne croit pas à une réduction aussi forte qu'en 2009 (-12 %). Le directeur général de l'OMC évoque « un problème de gestion de la crise », « un déficit d'énergie chez les décideurs pour répondre aux défis internationaux ».
Lire également :
- Commerce mondial : le droit à l'alimentation doit être la priorité de l'OMC (rapporteur de l'ONU) (17 novembre 2011)
Mise au point
jeudi 15 décembre 2011 - 17h21
M.Pascal Lamy fait une excellente mise au point. M.de Schutter a la mémoire courte et souhaiterait revenir à un niveau de prix des matières premières agricoles très bas, niveau qui ne permettait à presque personne de pouvoir vivre et investir. M.de Schutter a fait égalemet la promotion de l'"agroécologie", qui selon lui permettait de doubler les rendements sans engrais, passant de 10 qx à ...20 qx, au Malawi. Ce qui a été repris en boucle par la blogosphère écolo: on peut doubler les rendements sans intrants, sans préciser le niveau initial. Bref, M.Lamy ne fait que confirmer l'incompétence de ce rapporteur des nations unies, au "droit à" l'alimentation.