Comment continuer à produire des semences de qualité dans un environnement réglementaire de plus en plus compliqué ? Telle est la problématique énoncée par la Fnams (Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences), jeudi lors d'une conférence de presse de présentation de son congrès qui aura lieu le 7 juin 2013 à Nérac, dans le Lot-et-Garonne.
Le thème du congrès porte sur « le dialogue entre acteurs locaux : un enjeu pour l'avenir de la production française de semences » et résume ainsi l'importance, pour la Fnams, de la concertation entre les partenaires du territoire pour une gestion partagée de l'espace rural. Objectif : assurer la pureté des semences récoltées et sécuriser les filières.
« Produire des semences nécessite un environnement spécifique et contrôlé afin d'éviter des pollinisations indésirables ou encore la présence d'adventices non triables, insiste la Fnams. La filière des semences dispose de différents outils permettant d'assurer des productions de qualité : zones protégées, arrêtés préfectoraux, cartographie... Mais l'avenir de ces productions reposera de plus en plus sur des discussions locales avec des acteurs variés. »
Un exemple concret montrant que le dialogue est possible sera présenté lors du congrès de 2013 : la charte départementale de coexistence du Lot-et-Garonne, signée à la fin de 2012 entre les multiplicateurs de semences, les apiculteurs, les agriculteurs bio et les collectivités territoriales. Elle vise à organiser la coexistence pour maintenir chacune des activités agricoles, développer des synergies entre elles et réduire les nuisances potentielles pour chacune.
Quatre objectifs ont été définis : développer le dialogue entre les usagers de l'espace (via des formations et une cartographie des différentes activités sur le territoire), contribuer à la maîtrise des flux de pollen, préserver les insectes pollinisateurs indispensables aux activités agricoles et améliorer l'usage des traitements phyto. « Ce travail collaboratif a notamment permis de faire apparaître le fait qu'un décloisonnement et qu'une meilleure communication entre les filières sont indispensables à tout développement économique », souligne la Fédération nationale.
Forte progression du maïs semence
Ce type de concertation pourrait être conduit dans d'autres régions. Dans le Centre, des réflexions sur l'aménagement du territoire sont menées. En effet, le développement, dans cette région, de jachères mellifères peut être préjudiciable à la production de semences car ces jachères entrent en floraison en même temps que les cultures en multiplication et attirent aussi les abeilles. Des études sont menées pour adapter le mélange des jachères mellifères afin qu'elles concurrencent moins les productions de semences.
La filière de la production de semences réalise 2,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires total (semences et plants) et présente une balance commerciale positive à 665 millions d'euros. Au cours de cette campagne, les difficultés climatiques ont perturbé les implantations, ce qui pourrait pénaliser les rendements. Les surfaces de multiplication de semences de céréales sont en légère progression par rapport à l'an dernier (+4 % à 134.000 ha environ), sauf le blé dur, le maïs étant en très forte augmentation (80.000 ha estimés en maïs et sorgho, contre 71.715 ha en 2012).
Les semences fourragères sont fortement concurrencées par la production de céréales et n'atteignent que 32.000 ha, contre 34.175 ha l'an dernier. Les problèmes dans le secteur de l'élevage limitent aussi la demande en semences fourragères. Autre problème rencontré : la prolifération des campagnols des champs. Les plants de pomme de terre seraient stables (17.700 ha), comme les semences de betterave (4.100 ha), les oléagineux en hausse (29.900 ha) tandis que les protéagineux seraient en forte baisse (6.000 ha).