Le projet du barrage de Sivens (Tarn) doit servir à soutenir le débit d'un petit cours d'eau, le Tescou, trop faible en été pour permettre l'irrigation de terres agricoles.
Pourquoi ce projet ?
Erigée à Lisle-sur-Tarn, près de Gaillac, cette digue de 315 mètres de longueur et 12 mètres de hauteur, pour une retenue d'eau de 1,5 million de mètres cubes, doit être construite en travers du Tescou. La chambre d'agriculture estime qu'elle permettra de maintenir des exploitations, facilitera des installations nouvelles (production de semences, maraîchage, maïs et soja biologiques) et le maintien des activités d'élevage en leur assurant une autonomie pour le fourrage.
Qui porte ce projet ?
Le conseil général du Tarn, présidé par le socialiste Thierry Carcenac, est le maître d'ouvrage. La réalisation a été confiée à la Compagnie d'aménagement des coteaux de Gascogne (CACG), une société anonyme d'économie mixte (à capitaux majoritairement publics) créée en 1959, spécialisée dans l'étude et la mise en œuvre de projets d'aménagement du territoire.
Quelle est l'ampleur du chantier ?
Les travaux ont débuté en septembre. La surface du futur plan d'eau ferait entre 34 hectares (en situation normale) et 41 hectares (en situation de crue). Il implique la destruction de zones humides : 10 ha de bois marécageux et 2,5 ha de prairies humides en aval. Le coût du projet est de 7,8 millions d'euros + 1 million d'euros de mesures compensatoires (acquisition et reconstitution de zones humides). Il serait financé à 40 % par un fonds européen, à 40 % par l'agence de l'eau Adour-Garonne et à 20 % par le conseil général. A cet investissement, s'ajoutent des frais annuels de fonctionnement.
Qui bénéficierait du barrage ?
Quelque 82 exploitations seraient potentiellement concernées, selon la chambre d'agriculture du Tarn : 41 exploitations dans le Tarn, 39 dans le Tarn-et-Garonne, 2 en Haute-Garonne. Au total, 800 ha de cultures (dont 300 ha dans la partie tarnaise) seraient ainsi sécurisés. La surface irriguée augmenterait au total de 20 %, toujours selon cette source. Le rapport d'expertise commandité par le ministère de l'Ecologie fait état d'une quarantaine de bénéficiaires.
Quels sont les arguments des opposants ?
Ils mettent en avant un coût élevé pour un faible nombre de bénéficiaires. Ils dénoncent aussi la logique consistant à toujours plus pomper d'eau pour soutenir des cultures comme le maïs, alors que la quantité d'eau disponible dans cette région se raréfie. Ils critiquent aussi la destruction de zones humides, qui ont notamment des fonctions d'épuration de l'eau et abritent une faune et une flore très riches (dont 94 espèces en danger).
Que dit le rapport des experts mandatés par Ségolène Royal ?
Les deux ingénieurs jugent le projet surdimensionné et regrettent que le choix d'un barrage en travers de la vallée ait été privilégié « sans réelle analyse des solutions alternatives possibles ». Evoquant un « coût d'investissement élevé », ils évoquent « un risque financier important » si le dossier est maintenu en l'état (incertitude sur la possibilité de solliciter le fonds européen pour une extension de l'irrigation). Ils ne préconisent ni arrêt ni révision à la baisse du volume de la retenue. Ils recommandent en revanche de réduire le volume destiné à l'irrigation classique au profit d'une réserve d'eau constituée l'hiver ou de nouvelles exploitations ciblées (cultures à forte valeur ajoutée comme maraîchage et semence). Ils proposent enfin que « le coût de fonctionnement soit porté par les usagers, les agriculteurs ».