«Avec des bilans mondiaux 2006-2007 et 2007-2008 annoncés excédentaires, le cours du sucre connaît un net repli depuis février 2006», souligne le service des statistiques (Scees) du ministère de l'Agriculture, dans une note de conjoncture publiée mardi.
Le cours du sucre brut sur le marché physique de New York s'est situé à 206 euros par tonne en janvier 2008, contre 350 euros par tonne en février 2006. Une légère remontée des prix a toutefois eu lieu au cours de l’été 2007 et également depuis décembre 2007 sur le marché à terme. Cette dernière est liée à l’action des fonds spéculatifs.
Avec la forte révision à la hausse de la production indienne, le bilan offre-demande mondial est fortement excédentaire pour la campagne 2006-2007 (octobre 2006-septembre 2007). La production mondiale se situerait 166,8 millions de tonnes (Mt) de sucre brut selon les estimations de F.O. Licht. La consommation mondiale, en augmentation de 3,2%, atteindrait 151,1 Mt. L’excédent dépasserait donc 15 Mt et les stocks représenteraient 49% de la consommation contre 43% en 2005-2006.
Le bilan de 2007-2008 serait également excédentaire et les stocks représenteraient près de 55% de la consommation. La récolte indienne serait en progression et le Brésil, avec une production de canne en hausse, devrait maintenir sa production de sucre tout en augmentant celle d’éthanol.
A 16,9 Mt de sucre blanc, la production de l’Union européenne a enregistré une hausse de 3,4% par rapport à 2006-2007. La production française de sucre de betterave (toutes utilisations) est estimée à 4,4 Mt sur la campagne de 2007-2008, en hausse de 6%.
Par ailleurs, le dernier rapport mensuel de la maison de courtage Czarnikow souligne que la relation entre les prix du sucre et ceux du pétrole «pourrait devenir plus étroite».
«La demande d'éthanol progresse rapidement, en réponse aux nouvelles technologies, au désir de réduire les émissions de CO2, et aux prix élevés de l'énergie», observe ainsi la maison londonienne dans son rapport de mars.
«Comme l'éthanol devient un composant de plus en plus important du marché du sucre, nous allons certainement voir émerger une relation plus étroite» entre les prix du sucre et du pétrole, précise-t-elle.
Néanmoins, l'arbitrage économique entre essence et éthanol reste encore faussé par les taxes à l'importation sur le sucre imposées par les Etats-Unis (qui renchérissent le prix de l'éthanol, ndlr) et par la politique tarifaire de la compagnie nationale brésilienne Petrobras, souligne la maison de courtage.
Pour éviter que l'inflation ne progresse trop, le «gasohol» (un mélange d'essence et d'éthanol) est en effet vendu au Brésil à un prix inférieur à sa valeur de marché.