Reçue ce mercredi 5 juin 2013 à Matignon, une délégation de la Coordination rurale (CR) a pu évoquer avec le Premier ministre ses attentes et ses inquiétudes. S'il n'y a pas eu d'annonce concrète, les représentants de la CR se félicitent d'avoir reçu sur un certain nombre de sujets une « oreille attentive ».
Qu'il s'agisse des « incohérences de la politique laitière européenne », des « dérives de la coopération » qui « tient pieds et poings liés certains éleveurs », de la non-représentativité des syndicats minoritaires au sein des interprofessions ou du « dogme de l'écologie » qui met une « pression énorme » sur les agriculteurs, la Coordination rurale en a gros sur le cœur. Et pour la première fois, l'occasion lui a été donnée de vider son sac auprès du Premier ministre.
S'ils n'ont pas eu la primeur de nouvelles annonces, Bernard Lannes (président de la CR), François Lucas (vice-président), Robert Caquineau (secrétaire général) et Daniel Condat (président de l'OPL – organisation des producteurs de lait) ont le sentiment d'avoir été écoutés. Sans s'engager sur des mesures précises, Jean-Marc Ayrault et Stéphane Le Foll, qui assistait à la rencontre, ont renvoyé un certain nombre de questions à la loi d'avenir.
Celle-ci devrait notamment consacrer un chapitre (« chapitre-mystère », selon les termes dubitatifs de la CR) à l'ouverture des interprofessions aux syndicats minoritaires.
L'évocation des contraintes écologiques par l'organisation syndicale a également fourni l'occasion à Stéphane Le Foll de reparler des GIEE (groupements d'intérêt économique et environnemental), comme une façon de concilier les aspects écologiques et économiques. « Pour nous, dans le GIEE, l'« économique » passe avant l'« écologique », a insisté Bernard Lannes, ajoutant non sans humour que « le double « e » permet au ministre de tenir un double discours : « Il peut s'adresser à la fois à nous et à la Conf ! »
Pour son président, la CR doit s'impliquer dans les GIEE afin de faire valoir sa vision bien à elle : « Si on ne remet pas l'économique en face, c'est l'écologique qui primera. » D'autant que « les GIEE capteront une partie des aides qui peuvent aller aux agriculteurs », note François Lucas, qui ajoute « si on veut toucher du deuxième pilier, il faut créer des GIEE... ».
C'est encore pour s'assurer que l'écologie ne se pratique pas aux dépens des agriculteurs que la CR souhaite répondre à l'appel à projet sur l'agroécologie, via la chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme (présidée par une liste Confédération paysanne-CR). « On est souvent arc-boutés contre des thèses environnementales, et cela nous dessert car il n'y a pas en face d'expertise scientifique indépendante », explique Daniel Condat. « En devenant pilote sur un projet agroécologique, nous voulons donc remettre les chambres d'agriculture au centre des dispositifs et outils pour servir l'agriculteur ».