L'aide alimentaire européenne, qui bénéficie à 13 millions de personnes démunies, va fondre brutalement en 2012, avant une possible disparition, si l'Union européenne ne rallonge pas le 20 septembre 2011 un budget réduit de manière draconienne, alertent les associations.
En pleine crise économique, il faudrait alors s'attendre à « une catastrophe humanitaire en 2012 et 2013 », a alerté jeudi Olivier Berthe, le président des Restos du Cœur.
Au cœur de cette inquiétude, l'avenir du Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD), utilisé dans 19 des 27 Etats membres : la Commission européenne a annoncé le 20 juin 2011 que le budget pour 2012 était ramené de 500 à 113 millions d'euros.
Pour 2012 et 2013, son sort devrait être scellé le 20 septembre à Bruxelles lors d'un conseil des ministres de l'Agriculture, après une réunion informelle en Pologne du 11 au 13.
Au-delà, c'est l'inconnu : si le programme survit, il faudra lancer le chantier de sa refonte complète.
C'est la conséquence d'un arrêt rendu en avril par la Cour européenne de justice (CEJ) qui a annulé une partie du règlement organisant le financement du PEAD : elle a jugé que le dispositif d'origine, créé en 1987, a dérivé.
Un front de sept pays emmené par l'Allemagne considère donc aujourd'hui que le système ne doit plus relever de la Pac, mais de budgets sociaux, gérés par chaque Etat.
Au ministère français des Affaires européennes, on assure que la France va « se battre » pour sauver le programme.
Que peuvent décider les ministres le 20 septembre ? « Pour 2012, la décision est déjà prise, donc la seule chose à espérer, c'est une mesure compensatoire » qui comblerait le manque de financement, estime Aude Alston, secrétaire générale de la Fédération européenne des banques alimentaires (FEBA, 240 banques dans 18 pays).
Les ministres doivent absolument voter « un dispositif transitoire pour 2012-2013 » qui assurera un budget annuel de 500 millions et laissera le temps d'imaginer un PEAD de nouvelle version pour les années suivantes, détaille Olivier Berthe.
Sinon, ce sera la mort du dispositif, et « une grosse panade » pour les associations qui ne pourront plus distribuer autant, s'inquiète Didier Piard, de la Croix-Rouge française.
« Jusqu'au début de 2012, on peut vivre sur les réserves de produits déjà collectés. Mais après, sans financement supplémentaire, on aura des problèmes », prévient Alain Seugé, président de la Fédération française des banques alimentaires (FFBA).
« Sur les 1,3 million de personnes auxquelles nous apportons chaque année une aide alimentaire, on ne pourra plus aider 520.000 d'entre elles », estime Jean-Louis Callens, du Secours populaire français.
Car une bonne part des produits finis distribués sont fabriqués par les industriels qui répondent chaque automne à un appel d'offres lancé par FranceAgriMer avec l'argent du PEAD. « Mais si au 20 septembre la France n'a pas les fonds nécessaires, il n'y aura pas d'appel d'offres », explique Didier Piard.
Et en ces temps de rigueur budgétaire, les associations imaginent mal les Etats mettre la main à la poche pour compenser les fonds européens disparus.
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mardi 13 septembre 2011 - 12h20
C'est vrai que ce genre de budget n'a rien à faire dans la PAC surtout qu'on se garde bien de le dire à l'opinion et que dans le même temps on explique à qui veut l'entendre que le budget de la PA C est trop élevé et que c'est de la faute des agriculteurs. Pendant qu'on y est on aurait pu aussi parler du financement du satellite Galileo financé aussi en son temps, pour partie par la PAC. La PAC est faite pour l'agriculture et rien d'autre.