La Commission européenne vient de publier un rapport prospectif sur l’agriculture et le monde rural en 2020. Le travail commandé par Bruxelles repose sur des scénarios (1) et des modèles qui prennent en compte différentes hypothèses économiques relatives à l’avenir des négociations sur la libéralisation du commerce mondial.
Les résultats de ces scénarios donnent une idée de l’évolution du monde rural dans les quinze prochaines années. Le rapport passe en revue l’ensemble des sujets relatifs à l’agriculture, au monde rural et à l’environnement.
« Il peut y avoir une économie rurale sans agriculture et l’agriculture peut être forte sans la présence d’un secteur rural dynamique », explique le rapport.
Les résultats des trois scénarios ne se démarquent pas franchement. Dans les trois cas, la population agricole continuerait à diminuer et la taille des fermes de croître. L’augmentation de la production agricole des douze nouveaux Etats membres ne concurrencerait pas globalement celle de Quinze.
A l’Est, en particulier en Pologne, en Bulgarie et en Roumanie, la population agricole déclinerait fortement. La modernisation de la production agricole et la baisse des prix agricoles pousseront des paysans à chercher une autre activité. Comme l’industrie se restructure et embauchera moins de monde, il est fort à parier que les paysans sans travail migreront dans leur pays ou à l’étranger pour trouver un nouveau travail.
Les agriculteurs des Quinze seraient plus vulnérables en matière de revenus que ceux des Dix si les marchés agricoles étaient libérés. Les agricultures bulgare et roumaine seraient alors drastiquement restructurées : baisse de 25 % du nombre de fermes d’ici 2020.
Le modèle de ferme familial résisterait mais il serait concurrencé par d’autres formes d’exploitations de plus en plus nombreuses. La pluriactivité pourrait atteindre 40 % de la population agricole en Belgique ou aux Pays-Bas et tourner autour de 80 % dans le bassin méditerranéen.
La Commission européenne prévoît d’ici 2020 que la surface de terres labourables diminuerait de 5 %, celles de prairies naturelles de 1 %. Les forêts et les terres abandonnées gagneraient encore du terrain. Il faut par ailleurs s’attendre à une spécialisation des régions et des pays. La production de céréales croîtrait plus vite dans les Dix nouveaux membres que dans les Quinze qui renferment en revanche des gains de productivité en production animale très élevés au regard de ses voisins. La production de biocarburant se ferait au détriment des cultures vouées à l’alimentation.
La concentration des élevages se poursuivrait. La production de viande bovine déclinerait sous l’effet des importations à bas prix. En revanche, la production fromagère et de produits à forte valeur ajoutée a un avenir prometteur.
(1) Le premier scénario « Baseline » s’inscrit dans la continuité de la politique agricole et de développement rural actuelle et suppose un succès des négociations à l’OMC.
Le second scénario « Régionalisation » traduit en revanche les conséquences de l’échec de Doha et le développement d’une organisation commerciale reposant sur des accords bilatéraux et multilatéraux. La production agricole est davantage utilisée sur les marchés intérieurs. Le troisième scénario « Libéralisation » repose sur l’idée d’une libéralisation totale des échanges mondiaux et la disparition de tout soutien public interne (revenu) et à l’exportation.