« Le dispositif public de cotations FranceAgriMer ne peut être que manipulé », affirme la Fédération nationale bovine (FNB) au vu du dernier rapport de l'Observatoire des prix et des marges.
Les résultats de cet Observatoire confirment « l'accaparement de plusieurs centaines de millions d'euros de résultat, sur le dos des éleveurs, au profit des abatteurs-transformateurs et des distributeurs. L'Observatoire met en lumière également un niveau de prix payé aux éleveurs largement insuffisant pour équilibrer les coûts de production, avec pour conséquence des revenus au plus bas », souligne la FNB dans un communiqué de presse du 23 avril 2015.
Le syndicat estime que le prix payé à l'éleveur est cadenassé par les opérateurs de l'aval. « Malgré une situation de marché équilibrée et fluide, sans attente des animaux en ferme, les prix sont à la baisse en France, a contrario de la tendance observée dans de nombreux pays européens comme l'Allemagne, l'Irlande et l'Italie, et de prix mondiaux qui n'ont jamais été aussi élevés », énumère la FNB.
Suspendre la diffusion des données
La FNB, qui a réuni son conseil d'administration le 23 avril 2015, « constate en conséquence que le dispositif public de cotations FranceAgriMer ne peut être que manipulé. Il n'exprime pas le reflet de la réalité du marché. La FNB appelle les pouvoirs publics à leurs responsabilités et demande la suspension immédiate de la diffusion de ces données, en attente d'une enquête qu'il leur revient de diligenter auprès des opérateurs économiques concernés. »
« Il manque 50 centimes par kg carcasse à la rémunération des producteurs, un levier essentiel pour la rentabilité des exploitations, mais une somme minime s'il fallait qu'elle soit répercutée jusqu'au consommateur : 11 euros au total sur une année, martèle la FNB. Pourtant l'aval, par son refus d'une stratégie active d'exportation sur pays tiers et de revalorisation du marché intérieur, plombe volontairement la production et hypothèque l'avenir de toute la filière. »
Cotations : une « procédure très rigoureuse » (FranceAgriMer)
Invité à réagir au communiqué de la FNB, FranceAgriMer rappelle avoir « une mission générale de suivi des marchés et des prix, qui lui est confiée par la loi (article L. 621-3 du Code rural et de la Pêche Maritime). A ce titre, l'établissement a la responsabilité de piloter différents dispositifs de cotations dont il assure la diffusion, parmi lesquels les dispositifs de cotations bovines et ovines, qui répondent aussi à des obligations communautaires. Cette mission contribue à une meilleure transparence des marchés et favorise l'égalité d'accès aux informations de prix pour tous les acteurs des filières et correspond ainsi à un des rôles clé de l'établissement, celui de fournir de l'information économique pertinente, fiable et indépendante. »
Selon FranceAgriMer, « la procédure d'établissement des cotations est très rigoureuse :
- L'établissement et la diffusion des cotations sont une mission prioritaire de FranceAgriMer prévue au code rural et répondent, notamment pour les viandes, à des obligations réglementaires européennes.
- Pour établir ces cotations, le dispositif repose sur les données transmises chaque semaine par les abatteurs qui sont assujettis aux obligations déclaratives, ces données sont normalisées et font l'objet de contrôles chez les abatteurs.
- Les commissions de cotation ont un rôle d'expertise des données agrégées du réseau d'opérateurs et un pouvoir d'alerte de FranceAgriMer avec demande de correction (+/- 7ct) si elles estiment que les données présentent des dysfonctionnements ou des incohérences.
- Si les commissions de cotations ne sont pas en mesure, ou ne souhaitent pas se prononcer sur les cotations, FranceAgriMer publiera, conformément à la réglementation, les cotations établies sur la seule base des données du réseau, en mentionnant l'absence de tenue de la commission de cotation. »