Le commissaire européen en charge de la Santé, Tonio Borg, s'est dit favorable, ce lundi 10 juin 2013, à une deuxième série de tests au niveau européen pour détecter l'éventuelle présence de viande de cheval dans les produits alimentaires et d'un produit interdit dans les carcasses chevalines.
Une première batterie de tests, menés dans les 27 pays membres à la suite du scandale des plats faussement estampillés bœuf, avait révélé en avril qu'environ un produit alimentaire sur vingt contrôlés en Europe, et près de trois fois plus en France, contenait de la viande de cheval. La présence de phénylbutazone, un anti-inflammatoire interdit dans l'alimentation humaine, avait par ailleurs été décelée dans 0,5 % des carcasses de cheval testées.
Ces pourcentages sont « bas, mais j'aurais préféré qu'ils soient plus faibles encore. C'est pourquoi je n'exclus pas une deuxième série de tests », a déclaré M. Borg lors d'une rencontre avec des journalistes. « Il s'agit aussi de voir si, après ces premiers tests, ces pourcentages ont évolué à la baisse ou pas », a-t-il ajouté. « Je suis personnellement favorable à une deuxième série de tests », a-t-il poursuivi, en précisant que la Commission européenne pouvait « les recommander, pas les ordonner ».
M. Borg souhaite aussi étendre aux fraudes alimentaires le système d'alerte européen (RASFF) qui permet aujourd'hui l'échange d'informations entre Etats membres lorsqu'un risque pour la santé humaine est détecté, lié aux denrées alimentaires ou aux aliments pour animaux. « La Commission envisage d'étendre la portée du RASFF à la lutte contre la fraude alimentaire », a-t-il déclaré à l'occasion de la publication du rapport annuel de cette plate-forme gérée par Bruxelles, à laquelle prennent part aussi la Suisse, la Norvège, l'Islande et le Liechtenstein. Le système a déjà été utilisé lors du récent scandale de la viande de cheval, grâce à sa capacité à assurer la traçabilité des denrées, selon la Commission.
La vague d'intoxications mortelles dues à de l'alcool frelaté en République tchèque en septembre 2012 a convaincu Bruxelles de la nécessité d'élargir la portée du système. L'an dernier, 8.797 notifications de contravention à la législation alimentaire de l'UE ont été transmises au RASFF, dont 526 concernaient des « risques majeurs », a indiqué la Commission. La plupart de ces notifications (5.281) constituaient des suivis, mais 3.516 étaient des cas nouveaux : 2.885 se rapportaient à des denrées alimentaires, 332 à des aliments pour animaux et 299 à des matériaux destinés à entrer en contact avec des aliments.
La Commission a proposé au début de mai de renforcer les contrôles à mener le long de la chaîne alimentaire et de durcir les sanctions financières applicables en cas de fraude, pour les élever au niveau du gain tiré de l'infraction. Bruxelles voudrait notamment pouvoir contraindre les Etats à procéder à des contrôles en cas de fraude alimentaire. Pour entrer en vigueur, ces mesures doivent obtenir l'approbation du Parlement européen et des Etats membres.