Un taurillon R+ charolais se vend aujourd'hui autour de 3 €/kg... quand il en a coûté 3,50 € pour produire ce même kilo. Ramené à l'animal, cela représente une perte d'environ 200 €. Et pour un troupeau de 60 bovins engraissés, elle atteint 12 000 €.
La situation des éleveurs allaitants se détériore ainsi depuis trois ans. Quant à celle des éleveurs laitiers, même si elle est plus médiatisée, elle est également critique. Et l'avenir reste morose pour les uns comme pour les autres, avec des difficultés amplifiées cette année en Poitou-Charentes par la sécheresse et la difficulté d'alimentation qu'elle entraîne déjà.
En Deux-Sèvres, des représentants professionnels ont rencontré jeudi des élus pour évoquer avec eux cette situation. « Le revenu des producteurs est aujourd'hui dans le rouge, et certains sont contraints de cesser leur activité », ont-ils souligné.
« Nous avons aussi parlé des enjeux économiques que cela représente pour la région », précise Alain Chabauty, président des sections bovines départementale et régionale de la FRSEA. Les Deux-Sèvres abritent 3.000 éleveurs de bovins viande, plus ou moins spécialisés.
Une autre manifestation est organisée vendredi. Au moment du déjeuner, une dégustation de lait et de viande bovine sera proposée au public, aux abords de Bressuire.
Ces actions seront reprises ensuite dans les autres départements de la région, touchés par les mêmes difficultés. La FRSEA en envisage une autre encore, au 1er octobre, avec l'envoi par chaque éleveur d'un courrier à son groupement ou à son marchand de bestiaux pour lui annoncer qu'il augmente désormais ses tarifs de 50 centimes d'euro par kilo, « comme le font les autres fournisseurs », explique Alain Chabauty.
La sécheresse vient selon lui encore accroître les difficultés. « Le déficit de récolte est de 30 à 50 % », indique-t-il. « S'il ne pleut pas à l'automne, les aliments grossiers comme le foin et l'ensilage auront disparu avant la fin de l'année. » Et dans les difficultés qu'ils vivent aujourd'hui, les éleveurs manquent de moyens pour compenser ce manque de fourrage par des achats à l'extérieur.
Signe du manque d'aliment, le nombre d'animaux maigres serait en augmentation sur les marchés de Lezay et de Cholet. « Ce n'est pas rentable de vendre des animaux finis quand on regarde le coût de l'aliment et le prix de vente des animaux », assure Alain Chabauty. Déjà, des éleveurs ont prévu de vendre dès septembre les veaux qu'ils viendront de sevrer. « C'est encore un pan de l'engraissement qui risque de disparaître dans la région... »
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