Le président de l'Association vétérinaire équine française (Avef) a plaidé lundi pour la mise en place d'une filière réglementée permettant à davantage de chevaux en fin de vie d'entrer dans la chaîne alimentaire.
« Si on veut éviter dans les années à venir, si ce n'est dans les mois à venir, de nouveaux scandales [...] il faut régler le problème des chevaux en fin de vie », a déclaré Jean-Yves Gauchot lors des premières assises de la filière équine organisées lundi à Caen par Ouest-France. « C'est se masquer, c'est être irresponsable que de dire : “On ne mange pas les chevaux de sport”. », a-t-il ajouté.
« Aujourd'hui, si un propriétaire décide que son cheval ne finira pas à l'abattoir, la réglementation veut que ce soit irréversible, alors que ce n'est pas forcément le même propriétaire qui aura le cheval en fin de vie », a expliqué à l'AFP Eric Vigoureux, président de la Fédération de la boucherie hippophagique de France (FBHF), après une intervention lors de ces assises. La FBHF plaide ainsi pour que « chaque propriétaire puisse changer la destination de son cheval au bout de six mois, si le cheval correspond bien aux normes sanitaires ».
Un marché noir
« Les Français importent deux tiers de leur consommation et, de l'autre côté, on a des chevaux qui meurent dans des mouroirs », a renchéri Dominique de Ballaigue, président de l'institution Le Trot français.
« Les crises économiques ont fait que des gens qui avaient des chevaux, souvent, ne peuvent plus les entretenir », explique à l'AFP le président de l'Association vétérinaire équine française, ni se payer un « coûteux » équarrissage. Or, « tous les scandales qu'on a vus, ce sont des trafiquants de chevaux qui vont exploiter la crédulité de certains en leur disant “Je vous promets sur l'honneur qu'au grand jamais votre cheval n'ira à l'abattoir”, et c'est faux », poursuit-il. Cela alimente un marché noir de la viande de cheval au détriment de la traçabilité, estime M. Gauchot.
Selon lui, alors que les chevaux « sont surmédicalisés aujourd'hui », « il faut mettre en place des sas de blanchiment pour que l'animal redevienne propre à la consommation. Il faut trouver des structures où, pendant six ou huit mois – un délai à définir –, le cheval ne mange que de l'herbe ». « On n'aura plus de scandale de viande de cheval car on aura une vraie traçabilité », pense-t-il.
« Il faut avant tout améliorer le système de traçabilité » (OABA)
Dans un communiqué du 3 septembre, l'Œuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA) s'offusque des paroles de Jean-Yves Gauchot, le président de l'Avef, au sujet des chevaux en fin de vie.
« Si le propos a pu ravir le président de la Fédération de la boucherie hippophagique de France (qui propose que « chaque propriétaire puisse changer la destination de son cheval au bout de six mois, si le cheval correspond bien aux normes sanitaires »), il aura de quoi choquer celles et ceux qui luttent pour donner aux chevaux une fin de vie respectueuse, assure l'association. Il aura surtout de quoi inquiéter les consommateurs, déjà écœurés d'apprendre qu'ils mangeaient de la viande de cheval à leur insu, comme l'ont révélé les récents scandales à répétition. »
L'OABA estime que la simplification d'entrée des chevaux dans les abattoirs risque de causer davantage de fraudes. « Il faut avant tout améliorer le système de traçabilité des équidés et renforcer les contrôles vétérinaires en abattoirs, comme l'a demandé l'Office Alimentaire et Vétérinaire de la Commission européenne, lors d'un audit réalisé en France en septembre 2012, estime Jean-Pierre Kieffer, le président de l'OABA. Sans cela, toute modification réglementaire serait vouée à l'échec ».
L'association renchérit sur les plans de modernisation des abattoirs. « Il n'existe pas en France d'établissements spécialisés dans l'abattage des chevaux, argumente-t-elle. Actuellement, les conditions de mise à mort des équidés apparaissent souvent inacceptables en raison d'équipements inadaptés ou mal entretenus."