Les résultats de l'étude épidémiologique Canceralcool, qui porte sur la consommation de boissons alcoolisées (vin, bière et alcools forts) et la mortalité due à différents types de cancers, ont été présentés le 11 mars dans le cadre d'un colloque organisé par l'Association nationale pour la recherche et l'Inra.
Elle a suivi depuis 25 ans, jusqu'en 2005, la mortalité de 100.000 patients examinés entre 1978 et 1985 à Nancy.
Une équipe de chercheurs emmenée par Dominique Lanzman (Université de Bordeaux 2) a en fait repris l'étude de Serge Renaud qui, en 1999, avait pour la première fois, en France, montré en particulier qu'une consommation modérée de vin (de 1 à 3 vers par jour) était associée avec une réduction de 20% de la mortalité par cancers, indique le résumé du projet.
L'étude avait également mis en avant une réduction de 40% de la mortalité cardio-vasculaire chez l'homme d'âge moyen pour une consommation modérée d'alcool, et particulièrement de vin, reprend le document.
Selon l'étude, «la préférence vin est associée chez les hommes avec un risque significativement plus bas de mortalité prématurée de toutes causes, par cancers et par maladies cardio-vasculaires, pour les cancers du tube digestif et les cancers du poumon».
Et alors que «plus la consommation d'alcool est élevée et plus le risque de mortalité par cancer augmente, la préférence vin, quelle que soit la dose d'alcool, est associée avec un risque significativement plus bas de mortalité par cancers du poumon et des voies aérodigestives».
Chez les femmes, «la consommation élevée d'alcool est associée avec un risque significativement plus élevé de mortalité par cancers, alors que la préférence vin n'est pas significative», indique l'étude.
Et «de la même façon, le risque de mortalité par cancer du sein augmente avec la dose d'alcool mais n'est pas relié à la préférence vin».
L'étude, indique le résumé du projet, voulait «clarifier les relations entre la mortalité par cancers et la consommation de différents types de boissons alcoolisées, qui pour l'instant ne sont pas différenciées dans les rapports d'experts internationaux comme celui du Fonds mondial de recherche contre le cancer de 2007». Celui-là même sur lequel s'est appuyé l'Inca pour sortir sa brochure destinée aux médecins le 17 février 2009: L'Institut du cancer déconseillait la consommation d'alcool, le risque de cancers augmentant selon lui dès le premier verre, même de vin.
«Ce programme nous rappelle, soulignent les auteurs, que le vin, contrairement aux autres boissons alcoolisées courantes, est le mélange d'une substance à effets délétères, l'alcool, et de substances à effets bénéfiques provenant du jus de raisin, avec une extraction supplémentaire de polyphénols au cours de la macération des peaux et des pépins. Alors que la consommation d'alcool est clairement un facteur de risque de cancer, les fruits entrent dans la catégorie des aliments qui protègent contre différents cancers à des degrés divers de niveaux de preuve (probable, ou évocateur)».
Et d'opposer le «French paradox», c'est-à-dire le plus bas taux de mortalité cardio-vasculaire du monde occidental pour le pays avec la plus grosse consommation de vin per capita au monde (mais modérée, régulière au moment des repas), modèle nutritionnel «apparemment préventif», à celui bien «anglo-saxon» du «binge drinking»: une consommation excessive en un temps record, telle que l'a dénoncée ces dernières semaines la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot.
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