Nicolas Sarkozy a assuré jeudi devant la profession viticole que le gouvernement se battrait à Bruxelles contre la suppression des droits de plantation, synonyme de « mort du secteur », défendant en cela une France « les deux pieds dans la construction européenne ».
« Nous voulons une Europe régulée, comme nous voulons un monde régulé. Si on laisse planter de la vigne partout où il y a de la terre disponible, on va exploser la capacité d'offre (...) et à l'arrivée il y aura la disparition de la viticulture », a déclaré le président lors d'une table-ronde à Chateauneuf-du-Pape.
Auparavant, le chef de l'Etat avait déjà été interpellé sur le sujet par des responsables viticoles inquiets, lors de sa visite du domaine de Durban, à Beaumes-de-Venise, où il avait dégusté melon et jus de cerise.
Si Bruxelles « ne revient pas là-dessus, ça va mettre par terre tous les efforts de restructuration. C'est la mort du secteur. Quand on aura la majorité qualifiée, on rouvrira le dossier », a-t-il indiqué.
La suppression des droits de plantation de vigne est une mesure prônée par Bruxelles et qui doit entrer en vigueur à partir du 1er janvier 2016.
Dès avril, le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, présent jeudi au côté de Nicolas Sarkozy, avait indiqué que la France s'opposait à cette libéralisation et que Paris ferait le tour des pays membres en vue d'une position commune pour une régulation des marchés viticoles.
« Pour avoir le droit de demander à la Commission de revenir sur la décision qui a été prise, (...) il faut que nous obtenions une majorité qualifiée », a expliqué jeudi le chef de l'Etat.
La Cnaoc rappelle que déjà 12 Etats membres, soit 189 voix, sont opposés à la libéralisation des droits de plantation en Europe. La majorité qualifiée au Conseil des ministres correspond à 14 Etats membres et 255 voix. Il faut donc encore convaincre 2 États membres et 66 voix.
« Les professionnels se satisfont des propos du président » de la République, indique la Cnaoc dans un communiqué. Pierre Aguilas, président de la Cnaoc, précise : « Nous souhaitons que la France et l'Allemagne, notamment, définissent une stratégie commune sur les droits de plantation. Si ils en ont la volonté, les pays producteurs ont la capacité de réunir cette majorité qualifiée ».
La FNSEA « va veiller à ce que la France, grâce à la détermination annoncée aujourd'hui par le président de la République, obtienne cette majorité qualifiée », a prévenu Jérôme Despey, vice-président du syndicat, présent lors de la visite présidentielle.
Face à un auditoire critique vis-à-vis de l'Europe, Nicolas Sarkozy a toutefois tenu un discours résolument pro-européen.
« Pour que nos soyons entendus, il faut que nous ayons les deux pieds dans la construction européenne », a-t-il fait valoir, tout en se disant conscient de « l'agacement que, les uns et les autres, vous avez pu ressentir par rapport à l'Europe ».
« Pour qu'on la change de l'intérieur, il faut qu'on y soit pleinement. A chaque fois que la France a fait un pas de côté, elle s'est isolée », a-t-il avancé. Quant « à ceux qui disent que la France doit sortir de l'euro, moi je n'ai jamais entendu une plus grande énormité », a ajouté M. Sarkozy.