La filière viticole française a choisi d'utiliser les aides de l'OCM (organisation commune de marché de l'UE) vin en priorité pour restructurer le vignoble, pour promouvoir ses vins et pour soutenir l'investissement dans les chais.
«Nous n'avons pas changé d'avis», a déclaré Pierre Aguilas, président de la Cnaoc (Confédération des syndicats de producteurs de vins d'appellation d'origine contrôlée) lors de l'assemblée générale de son organisation le 17 novembre 2009.
«Nous regrettons que 17 M€ (sur 172 M€ pour l'exercice 2008-2009, NDLR) n'aient pas été dépensés et qu'ils retombent dans les caisses de l'Union européenne», a-t-il poursuivi.
Pour éviter que la mésaventure se reproduise, la Cnaoc demande que les aides européennes puissent être utilisées pour promouvoir les vins au sein de l'Union européenne. Il s'agirait de subventionner des opérations de relation publique, la participation à des salons et des études de marché.
Pour l'instant, la réglementation européenne l'interdit. Seules les opérations de promotion dans les pays tiers peuvent être subventionnées par l'OCM vin.
Or, «le marché intérieur de l'Union européenne représente 70% du marché mondial du vin, a rappelé Pierre Aguilas. Nous attendons du gouvernement français qu'il prenne l'initiative de construire un front commun avec les gouvernements des autres pays producteurs» pour demander une modification de l'OCM.
Cela suppose de faire changer d'avis la Commission car, jusqu'à présent, elle a toujours été opposée à subventionner la promotion du vin au sein de l'Union.
La Cnaoc demande au gouvernement de s'engager derrière elle sur un autre sujet: la rédaction des cahiers des charges des AOC. Ce travail est pratiquement achevé. Presque tous les cahiers des charges sont parus au Journal officiel , fixant les règles de production et de contrôle de chaque AOC.
Il reste à rédiger la partie intitulé «Lien à l'origine». C'est là qu'il faut expliquer la spécificité et l'originalité de chaque produit. Ce travail est imposé par la Commission européenne comme une condition à la reconnaissance et à la protection des AOC.
La Cnaoc redoute que la Commission refuse d'enregistrer des appellations au motif qu'elles n'auraient pas correctement décrit leur lien à l'origine. Une telle perspective fait bondir Pierre Aguilas: «Nous faisons des appellations d'origine depuis toujours et des appellations d'origine contrôlées depuis 1935. Nous ne sommes pas prêts à recevoir des leçons de la Commission sur ce sujet.»
«Nous demandons à l'Inao et au ministère de l'Agriculture de mettre en place une concertation étroite avec les autres pays producteurs pour obtenir la confirmation définitive de toutes les appellations d'origine», a-t-il précisé.
Autre revendication de la Cnaoc: obtenir la généralisation du volume complémentaire individuel (VCI). Les rendements étant plafonnés dans les AOC, il s'agit d'autoriser chaque viticulteur à dépasser le plafond de rendement de quelques hectolitres par hectare les bonnes années.
Le volume ainsi récolté (le VCI) serait mis en réserve et débloqué les années durant lesquelles le viticulteur ne récolterait pas les rendements autorisés à cause du gel, de la grêle ou de tout autre accident climatique.
Ce système est à l'essai à Chablis et en Champagne. «Il ne coûte rien à la collectivité», a plaidé Pierre Aguilas.
La conseillère de Bruno Le Maire, présente lors de l'assemblée générale, était bien embarrassée pour répondre à toutes ces revendications car son ministre de tutelle recevra une délégation représentant toute la filière viticole demain, 18 novembre. A lui, la primeur des annonces!
La Cnaoc a également rappelé son attachement viscéral au maintien des systèmes de droits de plantation, qui doivent disparaitre en 2015, au plus tard en 2018.
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