Avec la réforme des AOC (appellations d'origine contrôlée) c'est l'Inao qui sera en charge des contrôles et des agréments et non plus les professionnels eux-mêmes. Mais «combien de producteurs, combien d’administrateurs, de syndicats, combien de présidents de nos 471 AOC connaissent réellement tous les enjeux de cette réforme? Une minorité…», estime Michel Issaly, secrétaire général des Vignerons indépendants de France, dans une lettre ouverte publiée mercredi.
«Les coûts liés à la mise en oeuvre de cette réforme seront la plupart du temps insurmontables par un certain nombre de nos TPE (très petites entreprises)», poursuit-il. Ces coûts qui «seront de toutes les façons entièrement assumés par les producteurs» sont «la nouvelle cotisation volontaire obligatoire (CVO), le travail administratif supporté par les entreprises, la formation du chef d’entreprise et des collaborateurs aux nouvelles contraintes et pour clore le tout paiement par le producteur de chaque contrôle réalisé par l’organisme de contrôle externe».
«Cerise sur le gâteau, le nouveau ''conseil des agréments et contrôles'' (CAC) de l’Inao qui aura en charge de valider le cahier d’habilitation de chaque ODG, s’est réuni le 17 avril dernier à Paris. Il a notamment envisagé différentes hypothèses de fonctionnement "en formation restreinte" comme le permettent les textes. Ces formations restreintes vont donner un large pouvoir à une poignée de personnes», s'inquiète Michel Issaly.
«Nous entrons dans une nouvelle logique de production, un système technocratique et administratif qui tuera l’approche culturelle fondée sur le savoir-faire d’hommes au service de terroirs uniques. L’AOC devient une science exacte soumise à la certification d’un process. Cela ne résoudra pas les problèmes de fond que traverse notre viticulture et ne nous donnera pas plus de crédibilité et de compétitivité sur le marché mondial. Au contraire, nous allons assassiner ces terroirs que nos concurrents commencent seulement à rechercher chez eux…», estime-t-il.
Les Vignerons indépendants viennent de décider «de concentrer toute leur énergie sur ce seul dossier» de la réforme des AOC.
«Nous souhaitons que l’ensemble des organisations professionnelles se mettent autour d’une table pour construire des textes acceptables, qui redonnent une vraie crédibilité aux AOC françaises. Et il y a urgence», selon la lettre ouverte qui signale qu'un «certain nombre d'associations opposées à cette réforme voient le jour».
