Les ministres européens de l'Agriculture, en réunion informelle à Mayence (Allemagne) se sont montrés divisés lundi face aux nouvelles propositions de la Commission pour réformer le secteur du vin, butant sur l'arrachage, pourtant revu à la baisse, de vastes surfaces de vignes.
«Nous n'avons jamais été favorables à l'arrachage», a déclaré le ministre allemand de l'Agriculture Horst Seehofer, dont le pays préside l'UE jusqu'en juin.
«Cela nous semble peu raisonnable de mettre hors service des surfaces viticoles alors que l'on augmente les importations de vin en Europe. Ce n'est pas la réponse économique que nous avions espérée d'une réforme» du secteur viticole européen, a-t-il ajouté.
La Commission doit présenter le 4 juillet un nouveau plan pour mettre fin à la surproduction de vin dans l'UE, qui préconise l'arrachage de 200.000 hectares de vignes. Son projet initial, présenté l'an dernier, prévoyait d'arracher 400.000 hectares, ce qui avait provoqué un tollé parmi les 27 et la profession.
La commissaire européenne à l'Agriculture Mariann Fischer Boel explique qu'il s'agit pourtant d'une mesure sociale pour les viticulteurs en difficulté qui souhaitent réduire leur surface ou quitter la profession.
Le ministre italien, Paolo De Castro, dont le pays est le premier producteur de vin en volume de l'UE, s'est montré moins critique que son homologue allemand.
«Les nouvelles propositions de la Commission vont dans la bonne direction, mais il faut que les Etats membres conservent une certaine flexibilité dans leur application», a-t-il indiqué.
Le ministre portugais Jaime Silva, dont le pays prendra le 1er juillet la présidence de l'UE, a estimé que les nouvelles propositions «permettront de trouver un compromis plus facilement». «Nous allons essayer de parvenir à un compromis sur les grandes lignes dès la fin de 2007, car la réforme a déjà pris du retard», a-t-il ajouté.
La France et l'Espagne, autres grands producteurs de vin, n'ont pas immédiatement commenté les nouvelles propositions de la Commission, la nouvelle ministre française de l'Agriculture, Christine Lagarde, étant attendue à Mayence dans la soirée comme son homologue espagnole Elena Espinosa.
Autres mesures dans la proposition de réforme que Bruxelles doit soumettre aux Etats membres, l'usage de sucre sera interdit et les subventions pour le moût seront abolies. L'aide au moût a représenté 200 millions d'euros l'an dernier.
La proposition maintiendra l'abolition de la distillation de crise, soit une économie de 500 millions d'euros.
Tout cela «nous donnera des possibilités pour améliorer d'autres mesures, comme la campagne de promotion» pour le vin. Mariann Fischer Boel a indiqué qu'elle comptait lancer une campagne de promotion à grande échelle pour promouvoir, hors de l'UE, le vin européen.