Les ministres de l'Agriculture des Vingt-Sept sont apparus divisés lundi lors des discussions sur la réforme du secteur vinicole proposée par la Commission européenne, même si tous s'accordent sur la nécessité d'une nouvelle donne, d'après une source diplomatique.
La France et l'Allemagne, premier et quatrième producteurs de vin de l'UE, sont les plus critiques, tandis que l'Italie et l'Espagne, deuxième et troisième producteurs, se montrent «assez ouverts», selon cette source.
Le ministre portugais Jaime Silva, qui préside la réunion, avait prévenu à son arrivée à Bruxelles que les discussions seraient «difficiles» en raison des nombreuses «divergences».
Paris et Berlin avaient averti vendredi qu'ils feraient front commun contre «les mauvaises propositions».
Jaime Silva espère «un compromis d'ici à la fin de l'année, au moins sur les grandes lignes politiques», pour que la réforme entre en vigueur pour la campagne de 2008-2009, comme le souhaite Bruxelles.
Le ministre français de l'Agriculture, Michel Barnier, a pris position lors du tour de table contre trois des principaux points de la réforme: l'arrachage de vignes, la fin de la distillation de crise et la libéralisation des droits de plantation, selon la source diplomatique.
«La remise en cause des droits de plantation conduirait à faire perdre aux vins européens leur identité et leurs racines», avait-il déclaré à son arrivée.
La Commission propose d'autoriser les viticulteurs à planter librement des vignes à partir de 2014, pour répondre aux signaux du marché, alors qu'actuellement les droits sont strictement limités.
Les organisations professionnelles des viticulteurs produisant des vins de qualité s'opposent aussi à cette libéralisation, dont elles ont fait leur principal cheval de bataille.
L'Allemagne s'est opposée, quant à elle, à l'interdiction de la chaptalisation, une pratique indispensable à ses viticulteurs en raison de son climat septentrional.
L'Italie et l'Espagne ont demandé des périodes de transition afin d'éliminer les subventions pour la distillation et les moûts de vin, selon la source diplomatique.
Enfin, l'ensemble des Etats membres ont accueilli favorablement la distribution d'«enveloppes nationales», qui leur donneraient plus de liberté pour gérer les subventions aux viticulteurs.
Ces enveloppes représenteraient un peu plus de la moitié du budget du vin communautaire, qui est de 1,3 milliard d'euros par an.
Au sujet de l'arrachage de 200.000 hectares de vignes en cinq ans, proposé par Bruxelles, les Etats membres demandent des garde-fous pour éviter des destructions abusives dans les régions fragiles.