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Viticulture

Un « bio » poursuivi pour avoir refusé de traiter ses ceps

Publié le vendredi 21 février 2014 - 12h12

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Un viticulteur de la Côte-d'Or comparaîtra lundi devant le tribunal de Dijon pour avoir refusé de traiter ses ceps contre la flavescence dorée, une grave maladie de la vigne, une affaire qui scandalise les défenseurs du bio.

 

Après la découverte près de Beaune de foyers de flavescence dorée, un arrêté préfectoral a imposé en juin 2013 de traiter « l'ensemble des vignobles » du département contre la cicadelle, l'insecte qui répand la maladie.

 

Viticulteur en biodynamie, Emmanuel Giboulot a refusé cependant de le faire pour les dix hectares qu'il exploite sur la Côte de Beaune et la Haute-Côte de Nuits. Opposé au « traitement systématique » des vignes, il a exclu aussi d'utiliser des insecticides naturels comme la pyréthrine, qui, selon lui, « ne sont pas inoffensifs » et « détruisent la faune auxiliaire ». Pour le vigneron, tous ces traitements vont à l'encontre des « équilibres biologiques », principe fondamental de la biodynamie qu'il applique depuis les années 1970.

 

Après un contrôle en juillet de la Direction régionale de l'agriculture, M. Giboulot a été convoqué devant la justice. Il encourt six mois d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende.

 

S'appuyant sur la « réglementation européenne et nationale », le chef du Service régional de l'alimentation, Olivier Lapôtre, assure que, « pour que le traitement soit efficace, il faut que les vignes aient été traitées par tous ». « C'est une maladie mortelle pour les vignes et très contagieuse, c'est pour cette raison que ces mesures sont obligatoires », fait-il valoir. « Nos craintes étaient fondées, puisque des cas ont été trouvés à quelques kilomètres de Beaune », souligne M. Lapôtre.

 

Selon la préfecture de la Bourgogne, « une seule parcelle de 0,20 ha a été fortement touchée » par la flavescence dorée en 2013 et devait être arrachée, contre 11,3 ha en 2012.

 

L'avocat du vigneron, Benoist Busson, plaidera la relaxe au motif que le préfet n'était pas compétent, selon lui : « Seul le ministre peut prendre cette décision. Le préfet n'a une compétence exceptionnelle qu'en cas d'urgence ; or l'arrêté qu'il a pris ne la justifie à aucun moment. » Me Busson estime d'ailleurs qu'il n'y avait aucune urgence à agir au printemps dernier et que le préfet a fait du zèle, rappelant qu'en 2003, le ministère avait pris un arrêté contre la flavescence dorée limitant géographiquement l'action à mener en cas de maladie. Ce texte, revu tout récemment, précise que lorsqu'un cep est contaminé sur une parcelle, le périmètre de lutte inclut la commune où elle se trouve et éventuellement ses voisines, « mais pas tout le département », pointe l'avocat.

 

Un important foyer de la maladie, qui touche tous les vignobles européens, avait été découvert à la fin de 2011 dans le nord du Mâconnais, en Saône-et-Loire.

 

 

La flavescence dorée « explose depuis une dizaine d'années »

 

Selon Denis Thiéry, directeur de recherches à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Bordeaux, l'épidémie de flavescence dorée, apparue en France en 1949 en Armagnac (Sud-Ouest), « explose depuis une dizaine d'années ».

 

« Presque tout le vignoble français est touché, hormis le Jura, la Champagne et l'Alsace », précise ce spécialiste, pour qui « les plans de lutte doivent être respectés ». Sinon, « c'est comme refuser de se vacciner quand c'est obligatoire ». « Entre l'équilibre du milieu et le risque de voir les vignes détruites, il faut choisir », prévient M. Thiéry.

 

Un comité de soutien – où figurent notamment le NPA, Europe-Ecologie Les Verts, Greenpeace ou Attac – s'est constitué autour de M. Giboulot pour réclamer l'arrêt des poursuites judiciaires envers tous les viticulteurs « engagés dans une procédure alternative ».

 

« La prospection collective régulière pour surveiller l'éventuelle apparition de pieds porteurs de flavescence et leur arrachage, ainsi que la détermination d'un zonage de traitement limité aux foyers avérés, permettrait de suivre l'évolution de la situation, tout en y apportant des réponses adaptées », estime le comité, qui prévoit un rassemblement lundi devant le tribunal.

 


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