La date limite du 2 juillet, fixée par l'administrateur judiciaire du groupe Doux pour le dépôt d'offres de reprise du volailler, est trop court, a estimé mercredi le président de Coop de France, qui envisage toutefois de déposer une offre et qui met en cause le groupe Leclerc.
« Cette échéance nous paraît extrêmement courte pour analyser le groupe en profondeur. Je ne sais pas si l'on sera entendu mais nous devons visiter les sites, analyser les comptes. De nombreuses coopératives de Coop de France sont sur le pont pour que Doux puisse poursuivre son activité », déclare Philippe Mangin, dans une interview à LSA, hebdomadaire spécialisé dans la grande distribution.
« Toute la coopération est mobilisée et je ne déments pas que nous discutions avec Xavier Beulin, président de la FNSEA, et avec Glon Sanders [présent dans la nutrition animale et l'agroalimentaire, ndlr], pour que la meilleure solution soit trouvée », affirme M. Mangin.
« Je suis parfaitement en phase avec le ministre de l'Agriculture, et Xavier Beulin, pour éviter un démantèlement du groupe. Il est normal que tout le monde soit mobilisé car aucun groupe isolé ne peut prétendre à reprendre Doux et à promettre qu'il n'y aura pas de casse. Il faut conserver la volonté de reprise de l'ensemble », poursuit le président de Coop de France.
« Déposer une offre ne consiste pas, dans notre esprit, à dire je reprends ce qui m'intéresse, mais à surmonter l'ensemble des problèmes de Doux, y compris sociaux », ajoute-t-il. Interrogé sur la demande du ministre de l'Agriculture, qui a appelé la distribution à tenir compte de la situation de la filière volaillère, M. Mangin répond : « La filière a la nécessité de faire passer des hausses de 8 % et elle n'y arrive pas. »
« J'ai fait le point sur ce sujet avec nos coopératives adhérentes. Elles me disent que la plupart des enseignes seraient prêtes à accepter (Système U, Carrefour, Casino), mais qu'elles ne bougeront pas tant que Leclerc n'acceptera pas des hausses semblables. Elles s'abritent toutes derrière Leclerc, qui dit "pas question" au nom du pouvoir d'achat. Il faut sortir de cette situation de blocage », affirme-t-il.
« Certaines plates-formes de Leclerc sont prêtes à accepter, me dit-on, mais elles indiquent que Michel-Edouard Leclerc bloque tout. Il faut arriver à un dialogue qui tienne compte de la situation dramatique dans laquelle Doux et la filière se débattent. La situation l'exige », ajoute M. Mangin.
Le président de Coop de France assure également que son groupe fait le maximum pour maintenir l'activité de Doux et des éleveurs : « Des coopératives adhérentes de Coop de France continuent de fournir des aliments, sans être payées, et nous leur apportons de l'aide. Nous suivons ce dossier comme le lait sur le feu, notamment pour le suivi des trésoreries. La vente de Stanven [une usine d'aliments pour animaux domestiques, ndlr] est une bonne nouvelle ; elle va permettre de payer les producteurs et les fournisseurs ».
Un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire doit se tenir, vendredi matin, au siège de Doux à Châteaulin (Finistère). La situation de l'entreprise, l'éventuelle mise en chômage technique de certains salariés et l'adoption d'un calendrier d'information aux organisations syndicales sont à l'ordre du jour.
Le groupe Doux emploie 3.400 salariés et fait travailler quelque 800 éleveurs.
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