La France est épinglée par Bruxelles pour plusieurs manquements « et graves non-conformités » aux règles du contrôle vétérinaire et du respect du bien-être animal dans les abattoirs de volailles.
L'Office alimentaire et vétérinaire (OAV) européen, qui a conduit une mission en juin 2013, relève dans son rapport, en ligne sur le site de la Commission européenne, « des inspections ante mortem et post mortem dans les abattoirs de volailles qui s'écartent considérablement des exigences établies par le règlement ».
Il est souligné que ces inspections sont faites « au niveau de l'abattoir par le personnel de l'exploitant et non par un vétérinaire officiel, comme le prévoit la législation ».
L'OAV note également que, « dans aucun des abattoirs visités », le personnel vétérinaire n'est resté sur place pendant toute la durée de l'abattage comme l'exige la règle et, dans certains sites, il n'était « sur place qu'une fois par semaine ». Par ailleurs et malgré les formations dispensées par les abattoirs, « l'équipe a constaté une connaissance insuffisante des principales exigences » de l'UE.
« Oui, nos effectifs sont inférieurs aux normes européennes, qu'on considère trop élevées », répond le directeur général de l'alimentation (DGAL) interrogé par l'AFP. « On assume. L'abattoir est prioritaire et nos effectifs correspondent aux besoins : on a plus de mille personnes dans nos 250 abattoirs », fait-il valoir.
Pourtant, dans les abattoirs, la mission a relevé des défauts d'hygiène sur « certaines surfaces » (plafonds, sols...) et dans les pratiques : maniement des viandes et des cartons par les mêmes opérateurs, équipements poussiéreux au-dessus des viandes, températures excessives, couteaux insuffisamment nettoyés...
« Bien que l'audit ait constaté certaines améliorations depuis le dernier audit du secteur des viandes de volailles en France en 2008, les inspections ante et post mortem sont toujours loin de satisfaire aux exigences de l'UE », conclut le rapport.
La France se fait aussi épingler sur le non-respect du bien-être animal car « l'efficacité du système de contrôles officiels des conditions de bien-être pour l'animal au moment de l'abattage est compromise par de nombreuses non-conformités détectées ».
L'OAV note que « les mesures correctives prises pour remédier à la situation ne sont pas toujours correctement suivies et efficacement mises en œuvre ».
L'organisation de défense des consommateurs CLCV a rappelé, dans un communiqué, que c'était la troisième fois – en 2006 et 2008 auparavant – que la France était visée par l'Europe pour son non-respect des règles européennes.
L'association L-214, spécialisée dans la défense du bien-être animal, a également souligné, le 29 janvier 2014 dans un communiqué, que les animaux ne sont pas « suffisamment étourdis » au moment de la saignée et présentent même souvent des signes de conscience.
Par ailleurs, L-214 attire l'attention sur une autre mise en garde de Bruxelles concernant le bien-être des truies gestantes qui doivent pouvoir évoluer en groupe, selon le règlement européen entré en application le 1er janvier 2013. Bruxelles a sommé le 23 janvier la France de s'y conformer « dans les deux mois », ainsi que la Belgique, Chypre, la Grèce, la Slovénie et la Finlande, sous peine d'être renvoyées devant la Cour de justice européenne.