Dans les dix ans qui viennent, l'agglomération d'Angers (Maine-et-Loire) projette la création de 25.000 logements. En y ajoutant l'aménagement de zones d'activités et d'infrastructures, l'emprise totale voisinerait les 700 hectares.
Accompagnés par la chambre d'agriculture et l'ESA (Ecole supérieure d'agriculture), une dizaine d'agriculteurs des communes périphériques d'Angers ont donc mis noir sur blanc leurs préoccupations. Quatre enjeux majeurs se dégagent: le transport (et la circulation d'engins agricoles), l'accès au foncier, à l'eau et à l'information.
Producteur de lait et de céréales, Jean-Pierre Leroyer milite pour plus de stabilité dans les PLU (plan local d'urbanisme) et pour la création de zones agricoles «de grande étendue et stables». «A l'image des zones industrielles», précise-t-il. Cet agriculteur du Plessis-Grammoire connaît bien la problématique foncière en zone périurbaine. Il exploite 90 ha loués à 15 propriétaires différents dont «l'intérêt», dit il, «est de faire une opération immobilière». Il sait aussi que 90 ha ne pèsent pas lourd dans un aménagement urbain. «A Saint-Barthélémy-d'Anjou, la dernière emprise foncière a été de 110 ha», constate-t-il.
Cette stabilité foncière conditionne aussi un accès durable à l'eau. Pour des raisons géologiques, les forages sont très peu développés autour d'Angers. Seule alternative au réseau d'eau potable, «les réseaux collectifs doivent être développés», assure Eric Vandenbempt (Pépinière Briant). «En été, une plante en godet qui n'est pas arrosée ne vit que quelques heures. Les élus doivent comprendre que nous avons besoin d'une ressource en eau durable à l'échelle d'une entreprise.».
Souvent spécialisés, les 1.145 chefs d'exploitation du Pays Loire-Angers emploient 1.900 salariés permanents et 1.300 saisonniers. Le groupe a demandé que le transport urbain prenne en compte cette réalité. Au Plessis-Grammoire, insiste Christophe Thibault, «il n'arrive aucun bus aux heures d'embauche alors qu'il en part plusieurs et qu'en tant qu'employeur de plus de dix salariés, je cotise à ce service».
Les agriculteurs ont également attiré l'attention des élus sur les conditions de circulation. Alors que les ronds-points, les bandes pour piétons, pour cyclistes, les plots pour les séparer, etc. se multiplient, Jean-Pierre Leroyer rappelle «qu'un engin agricole c'est 3,5 mètres de largeur» contre 2,5 mètres pour un poids lourd. Un message à l'adresse des élus à qui le groupe demande d'être plus dynamique dans la concertation. «Ce sont presque toujours les agriculteurs qui en ont l'initiative», constate Jean-Pierre Leroyer. Le travail restitué le 16 décembre dernier en est une nouvelle illustration.
Schéma de cohérence territoriale Le développement urbain autour d'Angers est appréhendé dans le cadre d'un Scot (schéma de cohérence territoriale), en cours d'élaboration, et raisonné à l'échelle du Pays Loire-Angers (66 communes). Sur ce territoire, sept «polarités» de développement ont été retenues, soit une emprise moyenne de l'ordre de 100 ha par site. La chambre d'agriculture travaille actuellement sur ces sept zones. Elle veut définir des territoires à «haute valeur agricole» et faire valoir, sur cette base, sa position auprès de l'Agglomération. |