L'Association générale des producteurs de maïs (AGPM) juge, vendredi dans un communiqué, la «synthèse orale» du président de la Haute autorité provisoire sur les OGM, Jean-François Le Grand, «délibérément erronée et manifestement préfabriquée sur commande».
Les producteurs de maïs estiment que l'avis de la Haute autorité est «sans véritable fait scientifique nouveau» ni «doutes sérieux».
Concernant la dissémination des grains de pollen à plusieurs kilomètres du champ émetteur, l'AGPM considère qu'il ne s'agit pas d'un «scoop». «Les flux de pollen sont connus depuis des lustres par les filières agricoles qui gèrent des dispositifs d’isolement pour garantir leur spécificité», explique le syndicat de maïsiculteurs qui estime que le Comité «ne semble pas avoir pris en compte la spécificité du flux de pollen de maïs».
«Le maïs a le pollen le plus lourd de toutes les graminées: 98% du pollen d’une plante de maïs tombe dans un rayon de 10 mètres et les 2% restants (déshydratés et par conséquent moins lourds) peuvent effectivement parcourir de grandes distances mais, dans la quasi-totalité des cas, ne seront pas viables», argumente l'AGPM. Elle soutient par ailleurs que «même si quelques grains de pollen peuvent se déplacer à des centaines de mètres, voire davantage, d’un champ émetteur, la coexistence est en pratique faisable et fiable au regard du respect de la réglementation européenne en matière d’étiquetage et de traçabilité».
Sur l'identification de résistance chez certains ravageurs cibles secondaires, l'AGPM fait remarquer que «les deux lépidoptères en question ne sont pas des ravageurs du maïs français: il s'agit de la pyrale de la canne à sucre et du foreur africain des graminées».
Concernant «les éléments nouveaux sur les effets de la faune et la flore non-cible», le syndicat professionnel explique que sur les invertébrés du sol et notamment les lombrics, «la dernière étude de 2007 en la matière démontre bien que les effets du maïs Mon 810 sur ces insectes sont moindres que ceux liés aux moyens de protection actuellement utilisés dans les cultures conventionnelles de maïs. Pourquoi se priver d’un moyen de production agricole qui permet de mieux respecter l’environnement?»
L'AGPM précise enfin que «la majorité des études présentées dans ce rapport (celles datées d’avant 2007) ont déjà été expertisées par l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) en 2004. Plus récemment, son homologue européenne, l’Efsa (Agence européenne de sécurité des aliments), a expertisé les bases scientifiques des clauses de sauvegarde déposées par six pays européens et n’a pu mettre en évidence aucun fait scientifique nouveau justifiant de telles clauses».
Quatorze scientifiques membres de la Haute autorité (dont douze des 15 membres de sa section scientifique) avaient contesté jeudi les «doutes sérieux» avancés oralement par le président de cette instance pour présenter l'avis sur le maïs Mon 810, la seule culture OGM autorisée en France.
Ils avaient fait «remarquer» dans un communiqué que «le projet d'avis qu'ils ont rédigé» ne comportait pas les termes «doutes sérieux». Les termes exacts de l'avis, selon eux, sont que «ces faits et questions (...) représentent des interrogations».
Or, le président Sarkozy avait indiqué lors de ses voeux à la presse mardi qu'il recourrait à la clause de sauvegarde précisément en cas de «doutes sérieux». Puis jeudi, qu'il prendrait sa décision «dans les tout prochains jours».
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