La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) ont estimé mardi, chacun dans un communiqué, que les propositions de la Commission européenne pour faire évoluer la Pac de 2003 ne sont pas satisfaisantes. Les deux syndicats rappellent notamment la nécessité de réguler les marchés. Pour l'union des grandes cultures, Orama, il n’est «pas acceptable que la Commission préconise l’affaiblissement des mécanismes de régulation des marchés».
La FNSEA se dit «d'accord» avec le diagnostic porté par Bruxelles sur l'agriculture européenne en ce qui concerne le fort développement de la demande mondiale en produits agroalimentaires, le besoin de compétitivité, le respect de l’environnement et la nécessité de simplification.
En revanche, le syndicat estime que «la hausse arbitraire des quotas laitiers sans avoir fait le bilan exact des besoins et de la conjoncture, est prématurée». «Requalifier la jachère en une mesure environnementale ne correspond pas à la réalité des besoins mondiaux», ajoute-t-il
«Faire passer l’ensemble des moyens affectés à la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de la biodiversité dans le "pilier" du développement rural ou par la conditionnalité, ne va pas dans le bon sens», déplore également la FNSEA.
«Est-ce que Bruxelles souhaite continuer la politique du tout-marché induite depuis la dernière réforme de la Pac sans tenir compte de la tension actuelle de ces mêmes marchés et des crises sanitaires à répétition? Nous sommes rentrés dans une ère de grande volatilité des prix. Aujourd’hui, des prix qui flambent, et demain?», interroge-t-elle.
«La lettre et l’esprit des propositions agricoles de Mme Fischer Boel ne donnent pas de réponse à la globalisation et à ses conséquences. L’essentiel est de revenir aux fondamentaux», poursuit le syndicat.
«La Pac doit avant tout être une politique économique; tout miser sur le développement rural n’est pas une solution pour permettre au secteur agricole européen de répondre aux défis qui l’attendent tant dans l’Union Européenne que dans le monde», conclut-il.
Pour JA, les propositions de la Commission européenne «ne sont satisfaisantes ni pour le citoyen-consommateur, ni pour les agriculteurs». «Rappelons-nous que la France n’est pas contrainte d’entériner une réforme en profondeur de la Pac en 2009», affirment-t-ils.
«Les jeunes agriculteurs qui s’installent ont besoin d’une politique agricole stable et lisible dans le temps. Pas d’un changement de règles tous les deux ou trois ans», rappelle le syndicat.
La Pac a été créée «pour sécuriser l’approvisionnement en quantité et en qualité des européens». «En supprimant la jachère, en supprimant ou en diminuant l’intervention pour certaines céréales sans substitution, la Commission ignore l’indispensable régulation des marchés aussi bien en termes de prix, que de volumes tout comme son financement», regrettent les JA.
«Le découplage total des aides, il ne servira que la spécialisation des régions au détriment de la diversité des paysages et de l’équilibre entre les filières de production», ajoutent-ils.
Le syndicat estime par contre qu'il «est loin d’être trop tôt pour réfléchir autrement pour construire l’après-2013».
Pour le syndicat, cette réflexion doit être construite notamment «autour d’une réelle gestion des marchés qui assure une alimentation à coût raisonnable et un revenu équitable aux producteurs», et «autour d’une agriculture durable de proximité privilégiée par la présence d’agriculteurs nombreux».
Selon l'union des grandes cultures, Orama (AGPB, AGPM, Fop), les propositions de la Commission «tournent le dos aux réalités essentielles de la production de grains».
Bruxelles «néglige le fait que par la nature de son activité, ce secteur ne peut s’autoréguler et qu’il sera toujours sujet à d’amples retournements de marchés. Elle oublie que les désordres monétaires internationaux peuvent avoir eux aussi un impact important sur les revenus des exploitants européens, tout comme les systèmes d’aides que perpétuent les Etats-Unis pour permettre à leur agriculture d’aborder avantageusement les marchés des céréales et des oléoprotéagineux», estime l'organisation.
Pour Orama, il n’est ainsi «pas acceptable que la Commission préconise l’affaiblissement des mécanismes de régulation des marchés et l’amputation pure et simple, sous diverses formes, des soutiens directs aux producteurs des grandes cultures».
En prônant le découplage total des soutiens directs Bruxelles «affiche une volonté inquiétante de se désintéresser de l’évolution de la production communautaire de céréales et d’oléoprotéagineux», estiment également les producteurs de grandes cultures.
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