Publié le mercredi 20 juin 2012 - 18h11
Lors de sa première convention annuelle, l'interprofession du bétail et de la viande (Interbev) a débattu mercredi matin des nouveaux défis qui se posent aujourd'hui à elle. Et notamment de l'influence que le consommateur citoyen peut avoir sur les filières des viandes.
Dominique Langlois, le président d'Interbev, a profité de l'occasion pour rappeler à l'ensemble des acteurs réunis dans la salle, que la réussite de l'interprofession passera par leur unité.
« Nous sommes à la fin d'une époque de confiance soumise vis-à-vis des politiciens, des institutions, des médias, des fournisseurs... a assuré Philippe Rucheton, directeur de recherches au Centre de communication avancée. Vous vous planterez si vous ne prenez pas cette situation en compte. Nous vivons la naissance d'une nouvelle société, une wikisociété, par analogie avec Wikipedia. » Autrement dit, une société où chacun a envie de mettre son grain de sel.
Bref, pour ce spécialiste, le défi est de redonner confiance à un consommateur aux multiples visages : un consommateur roi qui se dit adepte de la proximité, qui devient infidèle aux marques, qui s'interroge sur le juste prix ou sur la probité des circuits de distribution... « C'est un kaléidoscope de comportements, souligne-t-il, des comportements paradoxaux. Et quand on veut se donner une image, le plus difficile est de faire un choix. »
Ces questions, le groupe Danone se les est posées. « Il y a un patron, c'est le consommateur, a complété Olivier Delaméa, directeur général de Danone produits frais France. Il veut du local mais il y a aussi le prix. Mais il ne sait plus comment sont fabriqués nos produits, comment sont nourries les vaches. Certains pensaient même que nous utilisons du lait en brique pour fabriquer nos yaourts, ou alors que nous utilisons de la poudre de lait chinoise. »
La valeur “métier”
Et aujourd'hui, l'industriel essaie de valoriser le travail qu'il a conduit avec les éleveurs lui livrant du lait, au travers de campagnes publicitaires à la télévision. « Nous avons aussi commencé des portes ouvertes dans les exploitations, décrit-il. Pour resynchroniser les consommateurs avec les pratiques d'élevage. » Et ainsi éviter qu'ils n'aient qu'une vision idéale de l'élevage. Ces consommateurs « experts » pourront ensuite raconter ou montrer ce qu'ils ont filmé à d'autres via internet.
Ce travail conduit par l'industriel sur sa filière vient en complément de celui de l'interprofession. « A l'interprofession, nous travaillons avec nos concurrents sur des dossiers communs, a expliqué Olivier Delaméa. Comme la notoriété des produits laitiers. Mais la communication sur notre filière se fait avec les éleveurs. Nous avons choisi nos priorités et décidé de contrecarrer les discours ambiants en faisant savoir ce que nous faisons. »
Présents dans tous les esprits, les discours antiviande n'ont pas fait l'objet de discussions particulières. Mais Philippe Rucheton met en garde l'assemblée : « Être en position défensive est ce qu'il y a de pire. Centrez-vous sur votre professionnalisme plutôt que sur les attaques. Qu'est-ce qui vous réunit ? Le fait que vous soyez de bons professionnels. Eh bien, dites-le moi. La valeur métier va être fondamentale. Et si le consommateur considère que votre valeur “métier” est zéro, vous ne resterez pas dans le circuit. »
E.R.
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