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Grands dossiers

Article 4 :

Une clôture électrique à la place des barbelés

Sur les exploitations où la main-d’oeuvre fait souvent défaut, la clôture électrique permanente dite à fil lisse se présente comme une alternative aux installations classiques en barbelé.

Sébastien Augier, Hubert Bachelet ou Jean-François Bidet dans l’Allier et les familles Couturier dans la Creuse et Beysserie en Corrèze livrent leurs expériences. Facilité de mise en place et d’entretien ainsi que coût de revient plus faible sont les éléments clés qui ont guidé leur choix. Certains l’ont mise en place depuis plus de dix ans et la trouve satisfaisante à l’usage. A noter que cet équipement fait appel à une technique d’installation spécifique, notamment pour la prise de terre.

 

 

«En un hiver, j’ai clôturé 85 hectares»

 

Sébastien Augier a remplacé les clôtures en barbelé par un équipement électrique permanent à fil lisse qu’il juge facile à mettre en place et à entretenir.

 

«Je n’ai plus aucune clôture en barbelé. Pourtant, mes 80 charolaises sont bien gardées», annonce Sébastien Augier, du Bouchaud, dans l’Allier. Ses 95 hectares sont entièrement cernés par une clôture électrique à fil lisse avec trois rangs pour les bords de route et deux le long des haies et à l’intérieur. « La facilité de pose et d’entretien ainsi que le coût ont orienté mon choix en 1998 quand je me suis installé, se souvient-il. Toutes les clôtures étaient en mauvais état. Je disposais seulement des quelques mois d’hivernage du troupeau pour remettre en ligne au moins les 12 km de la périphérie. Le coût de revient de la clôture à fil lisse a été décisif car il faut compter environ 0,6 euro par mètre en trois fils. » Pour quatre rangs de barbelé, ce montant s’élève à environ 1,4 euro par mètre sans compter le temps de pose, qui est beaucoup plus important pour le barbelé.

 

Un poteau tous les 15 à 20 mètres

«J’ai la chance que mes terres soient regroupées puisque je ne dispose que de deux îlots : un de 85 hectares et l’autre de 10 avec néanmoins de nombreuses haies», explique Sébastien. Cela implique la présence d’un seul électrificateur. Sur les exploitations plus morcelées, il faut rajouter des postes.

«L’aide de mon père et de mon frère m’a été très précieuse à cette époque. Durant trois mois, j’ai démonté les clôtures existantes pendant que mon père broyait les haies. La pose des piquets m’a pris une dizaine de jours avec le soutien de mon frère. Le mois suivant, nous avons installé tous les fils et les barrières.» Au printemps, la périphérie de 85 ha était terminée et 50 ha avec les subdivisions étaient prêts à recevoir les bêtes pour le pâturage.

La rapidité de la pose s’explique par le nombre de piquets nécessaires. Un poteau tous les 15 à 20 m suffit alors que pour une clôture en barbelé, il en faut un tous les 2,5 m.

La pose du fil est aussi beaucoup plus rapide puisque deux ou trois rangs sont nécessaires contre quatre avec les barbelés. «Mais surtout, elle est plus agréable, je ne me blesse plus les mains», explique Sébastien.

L’entretien plaide également en faveur de la clôture électrique. «En une journée et avec un plein de quad, je vérifie que tout fonctionne et je retends les fils si c’est nécessaire», décrit Sébastien, qui fait remarquer qu’il ne pourrait pas se séparer de son quad. Il lui permet, entre autres, de dérouler le fil, de surveiller les troupeaux deux fois par jour. Et cela dans des temps minimaux.

 

Entretien rapide

Ce système ne dispense pas du broyage des haies comme pour les clôtures en barbelé. «Cela m’occupe cinq journées par an avec le broyeur de la Cuma. Je traite en plus les haies agressives avec le pulvérisateur attelé sur le quad. Pour l’électrification, mon poste fonctionne sur le secteur. Il est situé dans l’étable et dispose d’une alarme. Un voyant s’allume lorsque la tension sur le fil n’est plus suffisante, déclare Sébastien. Mais cela arrive rarement. Jamais plus d’une fois par an. Une des causes : des animaux qui renversent un râtelier sur le fil. Ils créent ainsi un court-circuit que signale le poste. La végétation n’est en revanche pas un problème pour ce type d’installation. Les impulsions envoyées par l’appareil sont puissantes et finissent par assécher les herbes.

 

 

Efficacité: 3.000 volts de dissuasion

L’électrificateur envoie de courtes impulsions dans le fil. La tension doit être d’au moins 3 000 volts pour être efficace avec des bovins. Elle doit provoquer une douleur vive pour être dissuasive sans toutefois être dangereuse, ni pour l’animal ni pour l’homme.

«La technique est tellement dissuasive que je peux barrer des chemins avec de simples ficelles et faire passer mon troupeau d’une parcelle à une autre sans aide, assure Sébastien. Le pâturage d’un lot de génisses à proximité de taurillons ne pose pas de problème.»

 

«Une araignée pour profiter de la bonne herbe»

«D’une extrémité, je peux déplacer toute la longueur de la clôture en quelques instants », explique Sébastien. Les araignées de prairies créent des subdivisions au sein d’une parcelle. Elles comprennent six pieds qui servent de piquets. Les deux appuyés sur le sol sont déconnectés du courant tandis que les quatre autres sont sous tension. Le fil en Nylon est placé au centre de l’araignée. « Je fixe le rouleau de fil sur les poteaux de la clôture permanente et chaque jour je déplace le rouleau d’un poteau. Cela me permet de gérer au mieux le pâturage des repousses. Notamment à la fin de juillet pour celui des 6 hectares d’enrubannage destinés aux génisses. C’est aussi le cas au mois de mai pour les 4 hectares de ray-grass annuel où pâturent 35 vaches. En conditions favorables, je récolte de 3 à 4 ha de foin en plus. Une araignée revient à environ 45 euros.

 

 

 

Une solution pour tous les éleveurs

 

Un négociant, des éleveurs de bovins ou de moutons ont installé des clôtures électriques permanentes.

 

«Une partie de mes parcelles borde la Loire, explique Hubert Bachelet, qui élève 120 charolaises à Coulanges, dans l’Allier. Tous les ans, la rivière charrie des branches. Aupavant, elles se coinçaient dans les barbelés et arrachaient toutes mes clôtures. C’était un vrai calvaire pour remettre tout en état ! Il y a trois ans, j’ai installé une clôture électrique, et c’est un soulagement. » Comme il y a moins de fil et de piquets, les obstacles sont moins nombreux. Le flux de la Loire n’a pas d’impact sur la clôture comme avant. C’est pourquoi Hubert équipe petit à petit ses 180 ha au rythme de 3 km par an. « De plus, le 29 juillet dernier, une tempête très localisée a couché une quarantaine d’arbres sur les fils. Une clôture en barbelé aurait cassé à beaucoup d’endroits et aurait demandé un temps fou pour une remise en état correcte. Là, une matinée a suffi pour remettre tout en ordre. Avec les ressorts, les fils n’ont pas cassé et ont retrouvé leur place dès que les arbres ont été dégagés.»

 

Un bon rapport qualité-prix

En 1990, Catherine, Hubert et Guillaume Couturier qui conduisent 600 brebis dans le sud de la Creuse ont vécu la même expérience. « 1 km de sapinière s’est retrouvé sur nos clôtures. Heureusement qu’elles n’étaient pas montées avec de l’Ursus ! », déclarent-ils. Comme le barbelé, ce grillage à mouton est très rigide et sa remise en place dans ces circonstances représente un travail titanesque. « Dans les années 1980, nous avions utilisé ce système pour parer au plus pressé. Aujourd’hui, nous rénovons toutes nos installations avec du fil lisse. C’est le meilleur rapport qualité-prix que nous ayons trouvé », remarquent-ils. Les contraintes sont un peu plus importantes que pour les bovins puisqu’il faut de trois à cinq fils. Le premier devant être placé à 15 cm du sol et le dernier à 80 cm. « Les moutons ne doivent surtout pas pouvoir passer la tête en dessous, précise Hubert. Notre terrain accidenté ne nous facilite pas la tâche. » L’électricité est aussi plus dissuasive pour le gibier ou les chiens errants. « Ils restent derrière la limite de notre exploitation, alors qu’il était fréquent qu’ils franchissent l’Ursus et en arrachent une bonne longueur. Nous ne nous assurons plus pour les dégâts de chiens errants non plus. L’électricité les tient éloignés de nos brebis.»

 

 

Les animaux restent à distance

D’une manière générale, les animaux sentent très vite le courant électrique et se tiennent naturellement à l’écart. C’est ce qu’a constaté récemment Jean-François Bidet, qui cogère une société de négoce de bovins dans l’Allier avec son frère Richard en plus de son exploitation. « Je manipule beaucoup d’animaux stressés qui, avant que j’installe une clôture à fil lisse, s’échappaient de leur parc. Affolés, il arrivait même qu’ils se blessent. Aujourd’hui, j’ai moins de problèmes. Ils restent à distance », déclare-t-il. Pourtant, Jean-François veille depuis toujours à ce que les quatre rangs de barbelés soient bien tendus et entretenus. « Mais cela demande un temps considérable, fait remarquer Jean-Paul Camus, ancien technicien du syndicat des cuirs et peaux, actuellement commercial pour la société Patura. Les bêtes viennent fréquemment se “gratter” sur les clôtures et engendrent une usure physique importante de l’installation. Les conséquences sur les peaux des bêtes peuvent être pénalisantes.»

«C’est la raison pour laquelle je protège les barbelés en posant un fil électrique», explique Jean-François, qui a divisé par dix le temps consacré à la réparation.

Pour Pierre et Sophie Beysserie, qui produisent des veaux sous la mère à Naves, en Corrèze, l’économie de temps a aussi été décisive dans le choix du type de clôture. « Je peux poser de 700 à 800 m de fil dans la même journée et pour nous, cette installation est magique », lancent-ils. En zone périurbaine, «nous avions besoin d’une installation sûre pour garder nos bêtes et ne pas avoir à cavaler derrière elles», conclut Pierre Beysserie.

 

Norme: une évolution permanente

Une rumeur concernant la remise en cause de la norme de puissance maximale de 5 joules sous une résistance de 500 ohms des électrificateurs court actuellement. Elle pourrait être amenée à évoluer, mais c’est le propre d’une norme que d’être sans cesse révisée et améliorée. Une commission de normalisation prendra la décision au terme d’une enquête dans quelques mois. Union technique de l’électricité (UTE), fabricants ou médecins entre autres pourront donner leur avis.

 

«La prise de terre est le coeur du système»

Bernard Charbonnel, de la chambre d’agriculture de la Corrèze, explique que « la simplicité de la mise en place et de l’entretien convainc souvent les éleveurs d’investir dans des clôtures électriques à fil lisse ». Même si pour l’instant, la plupart des surfaces sont équipées en barbelé. La clôture électrique à fil lisse comporte cependant des contraintes, notamment celle d’installer une prise de terre efficace. « Les appareils les plus puissants exigent dix barres métalliques de 3 mètres enterrées dans le sol. Le mieux étant de les éloigner de 3 ou 4 m les unes des autres, précise Jean-Paul Camus, de la société Patura, qui rajoute que la conductibilité du sol peut être améliorée avec de la bentonite. Ce mélange d’argile et de sel peut remplacer des tiges métalliques. Un seau de 6 kg épandu sur une prise de terre de 1 m est aussi efficace que trois prises de 3 m.»

«L’utilisation d’un bon fil conducteur est également primordiale, insiste Bernard Charbonnel. Le fil en acier « high tensile» offre les meilleures caractéristiques tant sur le plan de la durée de vie de la conductibilité que de la facilité de pose. Par ailleurs, lorsque l’exploitation est morcelée, cela implique d’installer plusieurs électrificateurs et notamment des appareils portatifs qui nécessitent souvent l’achat d’un système antivol. Cela augmente le coût, mais il reste en dessous de celui des clôtures en barbelé. Un tiers de moins environ selon le nombre de fils nécessaire. Cet écart étant essentiellement dû a un besoin plus faible en piquets. Un kilomètre de clôture en barbelé demande en moyenne 320 piquets alors qu’il n’en faut que 75 pour une clôture électrique. Les électrificateurs délivrent aussi une forte puissance. Aussi la douleur ressentie au contact du fil est-elle vive sans pour autant être dangeureuse.

par Marie-France Malterre

(publié le 27 janvier 2006)

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