Le deuxième rapport de l'USDA (ministère de l'Agriculture américain) sur la progression du syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles (CCD, pour colony collapse disorder), confirme l'hypothèse d'un syndrome causé par de multiples facteurs, et qui agiraient individuellement ou en combinaison, rapportait vendredi l'ambassade de France aux Etats-Unis sur son site.
Ce rapport finalisé en juin 2010 fait le point des travaux de recherche en cours, pour tenter de mieux comprendre les causes du CCD, et rechercher des solutions pour stopper ou atténuer son impact. Le syndrome provoque depuis 2006 la disparition soudaine, et inquiétante car non expliquée, des colonies d'abeilles aux Etats-Unis.
Selon ce rapport réalisé par l'Agricultural Research Service (ARS) et le National Institute of Food and Agriculture (NIFA), il est probable que la séquence et la combinaison de ces facteurs ne soient pas les mêmes dans chaque cas. Pour la période 2008-2009, les chercheurs de l'USDA avaient mis en avant l'intervention de l'acarien Varroa destructor pour expliquer la destruction de 29 % des colonies d'élevage d'abeilles. Ce taux de pertes est passé à 34 % en 2010, selon l'étude américaine.
A l'avenir, les travaux de recherche vont davantage se concentrer sur les interactions de multiples facteurs causant le CCD. D'après les chercheurs de l'ARS, près de 130 types de cultures aux Etats-Unis sont dépendantes de la pollinisation.
Pour parvenir à une approche intégrée de l'occurrence du CCD, l'ARS et le NIFA ont donc mis en place un programme collaboratif, le « CCD action plan ».
Sur la base de nombreuses études et échantillons collectés, l'étude révèle que les colonies à la santé affaiblie, incluant les colonies présentant les symptômes du CCD, affichent des taux supérieurs de pathogènes, de parasites et de résidus de pesticides, comparées aux colonies ne présentant pas les symptômes. Ce travail suggère qu'une combinaison de causes de stress pourrait déclencher une cascade d'événements et contribuer à l'apparition de colonies où les ouvrières affaiblies sont plus prédisposées aux parasites et pathogènes.
Par ailleurs, les résultats actuels du plan de recherche collaboratif font penser que « des effets sublétaux provoqués par les pesticides seraient en lien avec le CCD », relève l'ambassade. Ainsi, deux acaricides autorisés dans les colonies d'abeilles contre le varroa, le coumaphos et le fluvinate, sont soupçonnés, soit d'agir individuellement, soit en combinaison.
Les résultats des recherches indiquent qu'à la fois la teneur en protéines de leur alimentation et la présence de pollen naturel pourraient renforcer les colonies et compenser les impacts négatifs du stress causé par les parasites, pesticides et également les transports sur de longues distances des abeilles pour l'exploitation apicole.
Les mesures susceptibles d'atténuer les pertes d'abeilles sont développées dans le cadre de deux projets nationaux, l'ARS Areawide Project on Honey Bee Health et le Coordinated Agricultural Project (CAP) financés par la NIFA.
Les travaux réalisés dans le cadre de ces projets ont notamment permis le développement de nouvelles colonies d'abeilles résistantes aux acariens varroa, de solutions améliorées pour leur alimentation, d'une procédure pour réduire le taux de pathogènes, ainsi que l'identification de plusieurs espèces pollinisatrices alternatives. Les chercheurs planchent sur des stratégies de contrôle intégré pour les acariens varroa et une série détaillée de bonnes pratiques de gestion à destination des apiculteurs.