Les résultats des trois ans de recherche du programme « Polinov – concevoir et évaluer des systèmes de culture innovants conciliant les enjeux de la protection des abeilles et de la durabilité de l'agriculture » (1) ont été présentés le 29 novembre 2012 lors d'un congrès à Poitiers.
L'objectif de ce programme est de protéger les populations d'abeilles en fort déclin afin, entre autres, de conserver leur service de pollinisation : ce service représenterait, en termes de bénéfice économique, 22 milliards d'euros pour l'Union européenne, en ne tenant compte que des abeilles dites domestiques.
Le programme propose de répondre à cet objectif de trois manières :
- En approfondissant la compréhension des impacts des systèmes de culture sur les populations d'abeilles en particulier dans la zone d'étude, la « zone atelier de Plaine & Val de Sèvre », qui couvre environ 650 exploitations et 450 km².
- En établissant un outil informatisé d'évaluation multicritères des systèmes de culture qui tient compte des points de vue des agriculteurs et des apiculteurs.
- En concevant des systèmes de culture innovants.
Sur ce dernier point, « il ne s'agit pas de proposer un unique système mais de donner des clés aux agriculteurs pour qu'ils fassent leur propre système, car il n'y a pas de recette », explique Christian Huyghe, directeur scientifique adjoint à l'agriculture à l'Inra.
Afin d'« améliorer la qualité et la régularité du nectar et du pollen », les trois leviers d'actions seraient les stratégies de protection des plantes, les stratégies de choix des plantes cultivées et la gestion de l'espace rural.
Concrètement, il s'agirait, par exemple, de favoriser les cultures présentant une importante masse florale telles que le colza, le tournesol et la luzerne ou encore de développer des surfaces avec une flore plus variée telles que des bandes fleuries afin de conserver une « mosaïque paysagère ».
Des plantes produisant des nectars et pollens pourraient être intégrées dans les cultures principales (chanvre) ou intermédiaires (sarrasin). Les applications d'insecticides pourraient aussi être réduites dans leur quantité et leur fréquence, voire parfois supprimées.
A l'heure actuelle, certaines données n'ont pas été traitées et le logiciel d'évaluation va encore être amélioré. Des méthodes d'accompagnement pour la mise en œuvre de l'innovation doivent aussi être mises en place.
De plus, des questions diverses restent encore en suspens : cultiver de la luzerne n'est intéressant pour les abeilles que si on la laisse monter en fleur mais comment les agriculteurs valorisent-ils alors cette culture ? Ces propositions d'amélioration des systèmes où la notion de paysage est importante seront-elles exploitables dans d'autres régions ou seule la méthode de travail sera-t-elle généralisable ?
Des programmes vont être mis en place pour prolonger le travail de Polinov. Par exemple, des mises à l'épreuve des systèmes élaborés sont prévues dans le cadre d'un nouveau projet, « DEPHY-Abeilles ».
Les acteurs de ce programme n'ont pas négligé l'impact économique de ces propositions pour les agriculteurs : d'après le rapport, « la contrepartie de ces performances vis-à-vis de la protection des abeilles domestiques est une diminution de la “marge nette avec aides” ».
Le surcoût est estimé à 4.000 €, voire 5.000 € par an. Aux apiculteurs qui avancent que la publication de ces chiffres ne va pas encourager les agriculteurs à faire des efforts, Christian Huyghe répond « qu'il faut mettre les chiffres sur la table », qu'« ils ne sont pas conclusifs » et que « le débat est ouvert ».
En effet, bien que Axel Decourtye, de l'Acta, ait énoncé dès le début de la journée la volonté des différents acteurs du projet de « sortir de la polémique » entre des activités agricoles et apicoles « qui se nourrissent l'une de l'autre », certaines tensions n'ont pas pu être évitées au sujet des pesticides, des enrobages de graines ou des causes multifactorielles du déclin des abeilles.
Cependant, on observe de part et d'autre une volonté de collaboration, entre autres, du fait qu'un certain nombre d'agriculteurs sont eux-mêmes apiculteurs. Les résistances encore existantes s'expliqueraient par un manque d'information de publics pourtant sensibles au problème des abeilles, comme les agriculteurs, ou encore par le fait que les changements profonds demandent du temps car ils peuvent représenter une prise de risque. Tous semblaient d'accord pour dire que des journées comme celle-ci contribuent à l'émergence d'un dialogue.
Et comme l'explique Christian Huyghe, directeur scientifique adjoint à l'agriculture à l'Inra, le programme Polinov est « particulièrement innovant pour plusieurs raisons ». « Il cherche à construire des systèmes qui tiennent compte de nombreux facteurs et qui approchent donc la situation dans sa globalité », notamment grâce à la collaboration d'agriculteurs de la zone d'étude lors d'enquêtes ou pour la mise en place des protocoles.
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(1) Ce programme, lauréat de l'appel à projet Cas Dar « développement agricole et rural » en 2009, a été porté par l'Acta, elle-même soutenue, entre autres, par l'Itsap-Institut des Abeilles, Arvalis, le Cetiom, l'Inra et la chambre d'agriculture des Deux-Sèvres.
Voir également :
Les agriculteurs ont le dos large!
dimanche 02 décembre 2012 - 20h52
Je suis agriculteur et apiculteur "amateur"(15 ruches). Les résultats des causes de diminution des abeilles sont les suivant: 1 environnement;2 erreurs sanitaires causées par les apiculteurs;3 les insecticides... Et bien sur les conditions climatiques de l'année. Arrèton d'ettre toujours la cible des apiculteurs , mes ruches se portes bien , la récolte de miel est très variable suivant les conditions climatiques tout comme les rendements en céréales ...