Les investisseurs, de plus en plus nombreux à acheter des terres agricoles dans les pays en développement, doivent s'engager dans une démarche de transparence qui pourrait être validée par un label « Agro-investissement responsable », selon un rapport officiel publié lundi.
C'est l'une des recommandations prônées par le Centre d'analyse stratégique (CAS) dans son rapport sur « les cessions d'actifs agricoles à des investisseurs étrangers dans les pays en développement », réalisée à la demande de Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique.
De « considérables investissements » vont être nécessaires pour assurer la sécurité alimentaire mondiale d'ici à 2050. Nourrir 9 milliards de personnes ne sera possible qu'en augmentant la production agricole mondiale de 70 %, selon le CAS, qui rappelle que la FAO a estimé à une moyenne de 83 milliards de dollars l'effort d'investissement annuel pour les pays en développement (PED).
Pour le CAS, les investissements étrangers sont d'autant plus nécessaires qu'ils doivent pallier le défaut des politiques publiques nationales des pays hôtes.
Mais si les projets sont mal préparés et mal conduits ou s'ils ne relèvent que d'une logique de rentabilité financière court-termiste, les risques potentiels (atteinte aux droits des populations, politiques, environnementaux, économiques...) sont nombreux.
Le CAS ne veut pas prôner un modèle agricole unique, estimant « qu'il n'y en a pas ». Il défend toutefois une agriculture contractuelle, fondée sur un engagement entre producteurs et acheteurs.
Il cite l'exemple de la fondation de l'Aga Khan qui gère depuis une quarantaine d'années une production de haricots verts au Kenya, tout en demandant à ses fournisseurs de consacrer une majorité de leurs terres à des cultures vivrières.
Pour le CAS, de manière générale les investissements ne seront « acceptables que s'ils sont réalisés de manière responsable ». Cette démarche pourrait conduire à la création d'un label « Agro-investissement responsable ».
Elle permettrait aux investisseurs d'obtenir de meilleurs taux d'emprunt. De plus, la publicité du label auprès des consommateurs pourrait favoriser la vente de ces produits.
A télécharger :
• Les cessions d'actifs agricoles à des investisseurs étrangers dans les pays en développement