En 2000, l’Inra a lancé un programme de recherche «pour et sur l’agriculture biologique», AgriBio, en partenariat avec la profession agricole. Depuis, vingt-huit projets ont été soutenus. Certains ont été présentés lors d'un point presse organisé jeudi par l’Inra.
Le projet sur la production de pomme de terre biologique en fait notamment partie. «Il s’agit de rechercher le portrait robot de la variété idéale pour l’agriculture biologique, explique Daniel Ellissèche de l’Inra de Rennes. Des expérimentations de pomme de terre à large variabilité génétique (durée de cycle de végétation, résistance au mildiou, aptitude à la conservation) ont été menées dans différents milieux agro-climatiques».
Les résultats ont mis en évidence des caractéristiques-clés pour répondre aux exigences de l’agriculture biologique : la résistance au mildiou, l’aptitude à la conservation et le type de maturité. Mais au final, aucune variété conventionnelle testée n’a su s’adapter à l’agriculture bio.
«Si la production de pommes de terre conduites en bio est destinée à augmenter, des variétés avec des niveaux de résistance aux parasites et ravageurs seront nécessaires. Pour l’instant, le marché des cultivars spécifiques reste limité, ce qui ne laisse pas entrevoir de retour sur investissement pour les sélectionneurs», conclue le spécialiste.
De son côté, l’Inra de Lille, s’est intéressé à la fertilisation en agriculture biologique. «D’abord, nous devons connaître la fertilité du milieu pour palier à ses déficiences avec des engrais et amendements utilisables en conduite bio (interdiction d’apport d’engrais minéraux)», explique Bernard Nicolardot, chercheur.
Les solutions peuvent être l’apport de fertilisation organique, l’introduction d’engrais verts et l’allongement des rotations avec l’intégration de légumineuses qui fixent l’azote et le restitue pour la culture suivante. «Par ailleurs, les données acquises ont permis de paramétrer des outils de modélisation pour prédire ou simuler la fourniture en azote», précise le chercheur.
Dans le domaine arboricole, des chercheurs de l’Inra d’Avignon se sont penchés sur la pêche et ont montré que la qualité des fruits est liée au mode d’intensification. Joël Fauriel explique: «les arbres conduits en agriculture biologique, utilisant peu d’intrants, ont un rendement deux fois moins élevé que ceux en agriculture conventionnelle mais produisent des pêches plus sucrées et plus riches en polyphénols. Le problème, c’est que la production devient de moins en moins rentable et une tendance à l’intensification des pratiques pour augmenter le rendement pourrait faire perdre ces atouts à l’agriculture biologique en terme de qualité des fruits mais aussi d’impact sur l’environnement».
Un autre projet de recherche étudie la qualité des pains biologiques et analyse ses déterminants à chaque étape de la filière: variétés de blé, fertilisation, techniques de panification.
Ces projets de recherche sur l’agriculture biologique se situent au niveau national avec de nombreux partenaires professionnels, mais d’autres le sont à l’échelle européenne comme l'étude des aspects de la commercialisation d’aliments biologiques. Des partenariats internationaux existent aussi.