« Réinventer l'énergie de la Terre », tel est l'objectif poursuivi par les personnalités issues d'horizons divers qui se sont rassemblées vendredi autour d'une table à l'initiative de l'Institut d'agriculture durable.
La nécessité de produire plus et mieux, pour nourrir durablement la population mondiale, fait aujourd'hui consensus. Mais halte à la « pensée unique » et à la « tendance au dogmatisme » affichée par les partisans de l'agriculture durable, a imploré Leith Ben Becher, agriculteur en Tunisie et président de l'Apad (Association pour l'agriculture durable » de Tunisie fondée en 2006). Partisan d'une diversité d'approches, il définit l'agriculture de conservation comme « une démarche de l'esprit vers un système de production équilibré et cohérent plutôt qu'une recette à appliquer ».
« Nous aurons besoin de toutes sortes de nouvelles façons de penser », a renchéri Amir Kassam, de la FAO, soulignant la « nécessité d'être de plus en plus responsables les uns envers les autres pour gérer des ressources naturelles communes ».
Pour Anne-Marie Ducroux, fondatrice de la société « Au nom du vivant » et première présidente du Conseil national du développement durable, si le problème de la faim dans le monde demande effectivement de réfléchir aux manières de produire plus et mieux, « il ne s'agit pas d'un problème technique, mais politique : c'est la construction des systèmes, des lois et de la gouvernance qu'il faut changer. »
La première étape, avant de chercher à produire plus, est d'éviter le gaspillage tout au long de la chaîne alimentaire qui amène 40 % de la nourriture produite directement dans la poubelle, souligne-t-elle. L'autre grand chantier est celui de la gouvernance.
« On a échoué en traitant l'économie, le social et l'environnement séparément, explique Anne-Marie Ducroux. Il n'y a pas une solution, aucun acteur n'a la réponse à tous les problèmes, donc il faut construire des lieux de débats. Le développement durable, c'est la reconnaissance de la complexité. Il faut inventer la démocratie qui va avec, et tricoter des mailles entre les systèmes à chaque étape des processus de décision. »