« Il nous faut comprendre que les prix alimentaires élevés sont un symptôme, et non la maladie. C'est pourquoi la communauté internationale doit prendre des mesures préventives pour empêcher des hausses excessives, tout en intervenant sur les causes profondes à l'origine de ces envolées de prix », estiment la FAO, le Fida et le Pam (1) dans un communiqué commun diffusé mardi.
« Au cours des cinq dernières années, le monde a connu trois épisodes de flambée des prix des aliments, dus entre autres aux conditions météorologiques. Les sécheresses sévissant dans certaines régions du monde ont compromis la production céréalière quasi tous les deux ans depuis 2007. Ailleurs, les inondations ont également causé de graves dommages aux cultures. La conversion croissante des cultures vivrières en agrocarburants et la spéculation financière ont joué un rôle déterminant dans la hausse des niveaux de prix et de la volatilité. »
« Notre vulnérabilité tient au simple fait que, dans une bonne année, la production céréalière mondiale suffit à peine à satisfaire les demandes croissantes de nourriture, d'alimentation animale et de combustible – et ce, dans un monde qui compte 80 millions de bouches supplémentaires à nourrir chaque année. Nous sommes à risque car seule une poignée de pays sont de gros producteurs de denrées vivrières de base, ce qui signifie que, lorsqu'ils sont touchés, personne n'y échappe. »
« L'enjeu – et l'opportunité – consiste à la fois à atténuer et à étaler ce risque. Le moyen le plus évident est de promouvoir la production vivrière durable dans les pays pauvres importateurs de nourriture qui détiennent souvent un énorme potentiel d'accroissement de la production. Cela permettrait d'approvisionner les marchés locaux et de créer des emplois et des revenus, en particulier dans les zones rurales où vivent 70 % des pauvres de la planète. Nous devrions aussi affronter le problème du gaspillage et des pertes d'un tiers de la nourriture produite dans le monde pour cause d'altération, de détérioration ou autres. »
« Nous devons investir bien davantage dans l'agriculture et la protection sociale, en mettant en place des programmes pour aider les populations démunies à accéder à la nourriture qui est devenue inabordable sur les marchés locaux. »
« En dernier lieu, nous devons réviser – et, le cas échéant, ajuster – les politiques en vigueur encourageant d'autres utilisations des céréales. Par exemple, un groupe d'organisations internationales, dont font partie la Banque mondiale, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), la FAO, le Fida, le Fonds monétaire international (FMI), l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Pam, ont recommandé d'ajuster les mandats de production de biocarburants lorsque les marchés mondiaux sont sous pression et que les disponibilités vivrières sont menacées. Cette recommandation, émise au Sommet du G20 de Paris en 2011, est toujours valable aujourd'hui. »
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(1) FAO : Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. – Fida : Fonds international pour le développement agricole, Pam : Programme alimentaire mondial.