A la suite de la sécheresse prolongée liée au phénomène El Niño qui a sérieusement entamé les productions céréalières du Salvador, du Guatemala, du Honduras et du Nicaragua, nombreux sont les agriculteurs qui nécessitent une assistance alors que la sous-région s'efforce de surmonter cette situation, alerte la FAO (1) dans un communiqué du 14 septembre.
Pour la deuxième année consécutive, la récolte céréalière de la campagne principale, qui s'étend de mai à septembre, a été gravement affectée. Le conseil agricole de l'Amérique centrale – dirigé par les ministres de l'Agriculture de la sous-région – a proclamé l'état d'alerte après que des centaines de milliers de petits paysans ont perdu une partie ou la totalité de leurs récoltes.
D'après les premières estimations, les pertes de production seraient de 60 % pour le maïs et de 80 % pour les haricots, dues à la sécheresse provoquée par El Niño, phénomène climatique caractérisé par un réchauffement anormal des eaux de surface dans l'océan Pacifique oriental qui retarde les semis, réduit les superficies cultivées et freinent le développement des cultures.
Efforts de redressement
Face aux graves pertes alimentaires, les gouvernements du Salvador, du Guatemala, du Honduras et du Nicaragua ont commencé à distribuer des kits agricoles comprenant des semences, des engrais et des pompes d'irrigation, afin d'aider les paysans autant que possible durant la deuxième campagne de semis, actuellement en cours. Trois pays sur quatre ont même lancé des distributions d'aide alimentaire directe aux familles pour faire face aux graves pénuries.
Cette année, les impacts d'El Niño se sont encore intensifiés par rapport à l'an dernier. Après deux ans de vagues de sécheresse, il est urgent d'aider les agriculteurs à récupérer une partie de leurs pertes en leur donnant les moyens d'obtenir de meilleurs rendements durant la deuxième campagne », explique Felix Baquedano, économiste de la FAO au Service mondial d'information et d'alerte rapide (SMIAR), responsable de l'Amérique latine.
Pendant ce temps, les agriculteurs sèment les cultures de la campagne secondaire dans des conditions exceptionnellement arides. Si les conditions El Niño se prolongent jusqu'au début de l'année 2016, comme il est fort probable, la production de la deuxième campagne risque d'être également restreinte par la vague de sécheresse.
Pertes
Avec 3 millions de tonnes pour toute la sous-région, la récolte de maïs devrait être nettement inférieure à la moyenne et en recul de 8 % environ sur le résultat déjà compromis de l'an dernier. Les baisses de production seront particulièrement marquées au Salvador et au Honduras, deux pays où les pluies irrégulières ont causé la destruction de 60 % du maïs. Au Salvador, les pertes sont estimées à 28 millions de dollars en semences, engrais, pesticides et préparation des sols. Le Honduras a perdu en outre 80 % de ses cultures de haricots. » Le Guatemala aurait perdu quelque 80 % des récoltes, notamment 55.000 tonnes de maïs et 11.500 tonnes de haricots, touchant plus de 150.000 familles. Si les paysans ont encore une chance de compenser une partie des pertes de haricots grâce à la deuxième campagne, les pluies insuffisantes risquent d'empêcher la maturation du maïs et, par conséquent, le recouvrement de ces pertes. Au Nicaragua, selon les premières estimations, 50 % des superficies ensemencées totales ont été endommagées, voire la totalité dans les régions les plus touchées du pays.
Répercussions sur les prix
Les pays de la sous-région ont augmenté leurs importations de denrées alimentaires de base en provenance d'autres zones de l'Amérique latine pour accroître l'offre et maintenir la stabilité des prix. Au Salvador, au Honduras et au Nicaragua, les prix du maïs ont été sensiblement supérieurs à ceux de l'an dernier – avec des hausses allant jusqu'à 20 % au Honduras. Le Guatemala est le seul pays du « couloir sec » (2) à être parvenu à maintenir la stabilité des prix depuis le mois d'août 2014 grâce aux importations du Mexique et à l'amélioration des disponibilités avec la récolte de 2015 en cours.
Au Guatemala, où les pertes de récoltes ont déclenché des distributions de nourriture à quelque 110.000 familles, la FAO aide le gouvernement à renforcer les systèmes d'alerte rapide et à instituer des plans de gestion, et à donner l'accès aux agriculteurs aux semences et à une formation pour accroître la résilience du pays face aux effets d'El Niño.
La FAO est en train de mobiliser d'autres ressources pour dispenser une aide directe à la production et soutenir les systèmes alimentaires et nutritionnels au Honduras, tout en continuant à aider le gouvernement du Salvador dans sa stratégie à long terme afin d'adapter l'agriculture locale aux impacts du changement climatique.
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(1) FAO : Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture.
(2) Le « couloir sec » d'Amérique centrale est une région semi-aride qui s'étend des plaines du bassin versant du Pacifique jusqu'aux contreforts du Guatemala, du Salvador, du Honduras, du Nicaragua et d'une partie du Costa Rica. Il couvre près d'un tiers du territoire d'Amérique centrale et se caractérise par des sécheresses à répétition, indique la FAO.
A télécharger :
- L'alerte lancée le 14/09/2015 par la FAO (en anglais)