La présidente de l'Argentine, Cristina Kirchner, a exhorté, mercredi à Buenos Aires, les agriculteurs à libérer les routes et à reprendre le dialogue, mais ces derniers ont annoncé dans la soirée la poursuite de leur mouvement au moins jusqu'à vendredi.
«Au nom de la démocratie, je vous demande de libérer les routes, de laisser les Argentins produire et travailler», a-t-elle déclaré devant des milliers de ses partisans réunis dans le centre de Buenos Aires, à l'adresse du «campo», la campagne argentine.
Peu convaincues, les organisations agricoles ont annoncé à l'issue d'une réunion, mercredi soir, la prolongation de leur mouvement de grève de commercialisation des grains (céréales et soja) au moins jusqu'à vendredi minuit.
Les barrages routiers qui entravent la circulation dans de nombreuses régions du pays, et dont la présidente avait demandé la levée immédiate, ne seront pas levés mais la circulation des camions chargés de denrées alimentaires autres que les céréales ou le soja ne sera pas entravé, ont précisé ces organisations.
La présidente n'a pas épargné les agriculteurs en colère de ses critiques, lors de son discours retransmis par les télévisions argentines, mais elle leur a aussi tendu la main en les invitant à se joindre à un pacte social qu'elle entend conclure avec les forces vives de la nation dans la perspective du bicentennaire de l'Argentine en 2010.
Les agriculteurs protestent depuis plus de trois mois contre une hausse de 25% de la taxe à l'exportation de soja, principale richesse agricole du pays. Le projet à été soumis au Parlement. Ce qui n'a toutefois pas entamé la détermination des agriculteurs.
La présidente dispose d'une majorité confortable tant à la Chambre des députés qu'au Sénat.
«Nous demandons que des modifications à un projet plus ouvert surviennent par consensus. S'il est approuvé tel quel, il valide le système de taxes à l'exportation que nous remettons en question depuis 100 jours», a déclaré mercredi Eduardo Buzzi, président de la Fédération agraire.
L'Argentine ne peut plus honorer ses contrats d'exportation de soja vers l'Union européenne et la Chine, et a recours à du soja paraguayen, pour compenser l'absence de cet oléagineux dans les ports argentins après plus de trois mois de grève des agriculteurs, a indiqué jeudi un expert.
«L'Argentine ne peut déjà plus honorer ses contrats de vente de farine de soja avec l'Union européenne, d'huile et de graines de soja avec la Chine et d'autres clients asiatiques», a affirmé Patricia Bergero, sous-directrice du service des études économiques de la Bourse de Rosario, principal port d'exportation agricole argentin.
«Nous exportons seulement du soja qui nous parvient par bateaux du Paraguay et non celui produit en Argentine comme c'est normalement le cas en cette période de l'année», a ajouté Mme bergero.
Pas un seul camion chargé de soja ou de cérales n'est entré au cours des cinq derniers jours au port de Rosario où le flux atteint normalement les 4.500 camions par jour.