«Depuis dix ans, les signes officiels de qualité, apanage de l'Union européenne (UE) sur inspiration française et italienne, ont essaimé dans toutes les régions du monde: Québec, Argentine, Brésil, Maghreb, Chine et même aux Etats-Unis», a expliqué Egizio Valceschini, chercheur à l'Inra, aux dixièmes Assises de l'origine qui se sont tenues à Bordeaux le 6 mai 2008.
La France est très active dans ce sens. Son argument: les appellations sont un moyen de développement. Dès lors, «promouvoir la qualité liée à un savoir-faire local et à une organisation des producteurs n'est plus incongru», souligne l'économiste.
«A l'OMC, nous ne sommes plus taxés de protectionnistes, renchérit Michel Prugue, le président de l'Inao (Institut national de l'origine et de la qualité). Le débat s'est déplacé sur des questions de propriété intellectuelle.». En effet, «pourquoi ne serait-il pas légitime de protéger un savoir-faire ancestral alors qu'on protège l'avenir à travers les innovations, s'interroge Egizio Valceschini qui rappelle que les signes de qualité ne représentent qu'une part dérisoire des flux de produits dans le monde.
Mais avant de faire le choix politique des produits de qualité sur la scène internationale, le combat doit se gagner au sein de l'UE.
«Nous devons convaincre les pays réticents, essentiellement au Nord, que ce sont les signes de qualité qui structurent le mieux l'agriculture européenne, a asséné Dominique Graciet, le président de la chambre d'agriculture d'Aquitaine. Il faut obtenir la majorité qualifiée, autrement dit les deux tiers des voix des Etats membres.»
Préparant la présidence française de l'UE qui débute le 1er juillet 2008, Michel Barnier va de capitale en capitale à la recherche d'alliés prêts à le soutenir dans sa vision des signes d'origine. La Commission européenne doit remettre à la fin de 2008 un «livre vert» sur la qualité des produits visant à réformer le cadre réglementaire actuel et à s'insérer dans le bilan de santé de la Pac.
Enfin, Dominique Graciet, président de la chambres d'agriculture d'Aquitaine, demande au gouvernement de ne pas mélanger la certification des entreprises prônée par le Grenelle de l'environnement et les signes de qualité.
«La certification pourrait gêner la lisibilité des signes et renchérir le coût de la production. En effet, les produits sous signes officiels ont une plus grande sensibilité aux marchés, que l'augmentation des prix soit liée au marché ou à la réglementation», argumente-t-il.
Sans compter que le gouvernement demande une baisse des prix. «Il faut retrouver une cohérence et ne pas se laisser tenter par une certification des seules exploitations qui proposent des produits de qualité, seulement pour dire ''on l'a fait''», ajoute-t-il. La certification devra concerner tous les produits.