Les aviculteurs ont des raisons de se réjouir. Après une année de crise pour cause de grippe aviaire, les marges s’améliorent selon les données de la dernière enquête avicole des chambres d’agriculture du grand Ouest (1) présentée vendredi à Rennes.
«Les marchés sont repartis à la hausse, aussi bien en ce qui concerne la consommation intérieure que les exportations», explique Christian Delabrosse, conseiller avicole à la chambre d’agriculture du Morbihan. Conséquences: les durées de vide sont nettement plus convenables en poulet d'exportation et en poulet label, les deux productions qui ont le plus souffert de l’épisode de grippe aviaire. En dinde, la durée d’élevage est également revenue à la normale. La période est également marquée par une maîtrise des charges variables grâce à un hiver doux qui a permis de limiter les dépenses de gaz.
Pourtant, les aviculteurs sont inquiets. Les marges n’ont pas cessé de se réduire depuis une quinzaine d’années. Les charges variables se sont envolées. Le seul poste qui diminue est le poste des annuités, ce qui révèle un parc de bâtiments vieillissant. Résultat: le solde disponible a été divisé par deux en quinze ans, passant de 14 €/m²/an à 7 €/m²/an.
«Le niveau de rémunération actuel ne permet pas aux éleveurs d’investir dans leur outil de production. Or, une filière qui n’investit plus est une filière qui meurt», constate Didier Goubil, président de la commission avicole de Bretagne.
Pour le deuxième semestre de 2007, les contrats ont été revalorisés de 13 €/t en poulet et 19€/t en dinde. Des hausses jugées insuffisantes par les éleveurs. «Le marché commence à manquer de marchandises. Pour la première fois, les industriels sont à la recherche d’éleveurs. Nous avons conseillé aux producteurs de faire jouer la concurrence», confirme Jean-Michel Choquet, de la FRSEA Bretagne.
Pour pouvoir approvisionner les usines d’abattage, les éleveurs vont devoir rénover mais surtout envisager la construction de nouveaux bâtiments. La FRSEA a fait les comptes. Pour pouvoir reprendre une politique de rénovation digne de ce nom, il faudrait des revalorisations de contrats de 40 €/t en poulet et 60 €/t en dinde. S’agissant des constructions, le syndicat chiffre la hausse à 70 €/t en poulet et 100 €/t en dinde.
(1) L’enquête avicole porte sur 781 aviculteurs dans 21 départements de la Bretagne, des Pays de la Loire, du Poitou-Charente, du Centre, de la Normandie, de la Picardie, du Nord-Pas-de-Calais durant la période juillet 2006-juin 2007.
Déficit de bâtiments «La capacité de production de l'amont devient le facteur limitant de l’activité de la volaille en Bretagne», confirme Gwénola Floch Penn, qui vient de réaliser une étude pour la chambre régionale d'agriculture de Bretagne sur l’avenir des exploitations avicoles bretonnes vers 2015. Le déficit serait de 1,4 million de m² de 2005 à 2015 compte tenu de la démographie, de la réglementation bien-être, mais également des contraintes environnementales, notamment le traitement des excédents d’azote et la norme concernant le phosphore. |