Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et le patron des gendarmes ont défendu le jeudi 30 octobre les forces de l'ordre après la mort de Rémi Fraisse, lors d'affrontements sur le site du barrage controversé de Sivens (Tarn) dont le sort sera débattu le vendredi 31 octobre par le conseil général.
« Si des fautes ont été commises, il y aura des sanctions mais, en même temps, nous ne sommes pas dans un pays de justice expéditive », a déclaré le ministre sur France Info.
Mercredi, le parquet de Toulouse a ouvert une information judiciaire contre X du chef de « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, faits commis par une personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions ».
Jeudi matin, les deux juges d'instruction en charge du dossier ont effectué une brève visite sur les lieux du drame, dans le calme, ont rapporté à l'AFP par téléphone deux opposants au barrage présents sur les lieux.
« Il y a également une inspection de la gendarmerie, elle donnera ses instructions dans 15 jours », a souligné M. Cazeneuve. L'enquête privilégie la thèse d'un décès dû à l'explosion d'une grenade offensive lancée par un gendarme, après la découverte de traces de TNT sur les vêtements de Rémi Fraisse, 21 ans, tué dimanche vers 02h00 du matin.
Mais le ministre a tenu à « rendre hommage » aux forces de l'ordre, soulignant que, « depuis le début de septembre à Sivens, 56 policiers et gendarmes [avaient] été blessés ».
Le chantier est suspendu
Depuis le vendredi 24 octobre, les engins de chantier ont été retirés du site, suspendant de fait les travaux. Le président socialiste du conseil général, Thierry Carcenac, va demander à l'Assemblée départementale d'officialiser cette suspension « mais en aucun cas sine die ».
Le chef du département refuse en l'état d'abandonner ce projet mais a accepté de l'amender, en suivant les préconisations faites par des experts mandatés par la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal. Ces derniers estiment que le projet est surdimensionné et coûteux.
Mme Royal réunira mardi prochain le 4 novembre « l'ensemble des parties prenantes » au dossier. « Il faut que l'on trouve une solution », a-t-elle dit.
Dans un communiqué diffusé le 30 octobre, le Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, qui regroupe de nombreux opposants au barrage, appelle le Premier ministre, Manuel Valls, à « prononcer l'abandon immédiat du projet ». « Vous seul avez maintenant le pouvoir d'amener l'apaisement », souligne le collectif. Mais M. Valls a déjà fait valoir que c'était « au conseil général du Tarn » de décider du devenir des travaux.
Les JA veulent des actions fortes
Les Jeunes Agriculteurs du Tarn ont en revanche appelé à « réaliser » un « projet nécessaire et urgent » destiné à « assurer la vie économique d'un territoire rural pauvre ».
Exigeant dans un communiqué « des actions fortes » des autorités, ils avertissent que, « si tel n'était pas le cas, ce serait un aveu de faiblesse qui reviendrait à dire qu'il faut tout casser pour obtenir ce que certains désirent. Jeunes agriculteurs en tirerait les conclusions logiques... ».